CONTE: LES JAMBES DE BOIS
Puisque d’être
avec vous, mes amis, j’ai l’honneur,
Je vous souhaite
de perpétuels bonheurs ;
Que ce
renouvellement d’année vous soit magique !
Je vous prédis,
par mes talents astrologiques,
Que grâce à vos
vignes vous vendrez bien du vin.
D’une aventure
qui ces derniers jours m’advint
Laissez-moi vous
conter, maintenant, pour vos étrennes,
L’histoire bien
étrange et qui vous surprenne.
Je me promenais
le long d’un bois. J’allais finir
Ma promenade,
quand je vis vers moi venir
– Que Dieu vous
préserve de rencontre pareille –
Un vilain qui
frappa mes yeux et mes oreilles
Par ses deux
jambes de bois. Mais, mes bons amis,
Je vous souhaite
le même bonheur où l’a mis
Le destin, et je
sais que cela vous étonne,
Mais vous
comprendrez, mes fistons et fistonnes,
Lorsque vous entendrez
le discours du manant,
Que ce que je
vous dis n’est en rien étonnant.
J’accostai, afin
de lui parler, notre hère,
Que je priai par
le Saint-Esprit et Père
De me dire d’où
vint son malheur et comment.
Mon manant s’écria
dans le même moment :
« Malheur !
Je ne le vois point, sire, de la sorte.
Pour moi c’est
un bonheur. » Ma surprise était forte,
Je le fis
expliquer. « Vous semblez oublier,
Me dit-il, que je
n’ai plus besoin de souliers
Dans mon état,
ni de bas. C’est là bonne épargne !
Quand je
marchais, aussi, j’avais toujours la hargne
De trébucher aux
pierres, ce qui jamais ne sied,
Et de voir une
épine s’enfoncer dans mon pied,
De me blesser
enfin, ce qui, seigneur, m’afflige
Et à garder le
lit sans travailler m’oblige.
Aujourd’hui,
voyez-vous, preste comme un voyou,
Tout m’est égal :
boue et neige, pierres et cailloux.
Je fais mon
chemin et plus rien ne m’importune,
Une route d’épines
n’est point une infortune,
Un chien veut me
mordre ? Je pourrai le sommer,
Vois-je errer un
serpent ? Je pourrai l’assommer,
Ma femme est
méchante ? Je pourrai la battre,
Suis-je auprès
du feu ? Je pourrai attiser l’âtre,
Me donne-t-on
des noix ? Je pourrai les casser.
Ce malheur donc,
dites-vous, ne peut me lasser
Et je remercie
le bon Dieu pour ce fier vice
Qui pendant huit
ans m’a rendu tous ces services. »
Il serait donc,
amis, d’après moi judicieux
De se faire
couper les jambes, et délicieux,
A croire le
manant qui s’en vanter ose,
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
jeudi 7 mai 2015
Conte: Les Jambes de bois
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