CONTE: Le bourgeois d'abbeville, ou la housse coupée en deux (PARTIE i)
I. Pourquoi un bourgeois d’Abbeville partit pour
Paris, et ce qu’il y devint
Messires, les
heureuses et rares créatures
Bénies par le
talent par mère Nature
Qui le mit en
eux comme une douce lueur,
Devraient bien
dépenser leurs radieuses sueurs
A égayer leur
roi ; comme un mets sur la table
Ils devraient
mettre en bon roman ou fable
Toutes les
aventures qu’ils entendent conter.
Mais nos
ménétriers, que je ne puis compter,
Ne ragaillardissent
plus ceux qui les écoutent
Avec des nouveautés ;
les efforts qui en coûtent
Les rendent
paresseux, ces bien piètres conteurs,
Et ils ennuient,
comme la mort, leurs auditeurs.
Mais moi je
vais, Messieurs, vous dire une histoire
Qui va vous
égayer comme une victoire
Et qui est
arrivée il y a déjà vingt ans
A un riche
bourgeois d’Abbeville, content
De son argent,
des ses maisons et ses meubles.
Il querella avec
une famille noble
Et craignit si
fort d’en être persécuté,
Accusé de
quelque crime et exécuté,
Qu’il renonça à
ses biens et à sa ville
Et vendit ses
maisons à des prix fort viles,
Avec sa femme et
son fils alla s’établir
A Paris, et
rusé, désirant s’anoblir
Et s’enrichir,
au roi du pays fit hommage
Et devint son
homme. Dédaignant le chômage,
Il profita de sa
science de négociant
Pour qu’il
établît un commerce patient
Mais qui lui
permit dans un temps minuscule
De devenir prospère
et augmenter son pécule.
Il devint
renommé dans tout le quartier
Et, en quelques
années, dans le royaume entier,
Car il était
toujours officieux et honnête,
Et il acheta, au
lieu de sa maisonnette,
Une grande
maison avec force valets
Et gagna, en
outre, les faveurs du palais.
C’est ainsi que
le bon Dieu, seigneurs, gratifie
Le probe et le
juste, mais dont il vérifie
La piété, ce qu’il
fit à notre commerçant
En lui prenant
sa femme, avec lui traversant
Pendant trente
ans les rudes épreuves de la vie.
Il pleura son
épouse par le trépas ravie,
Mais leur fils
lui sembla plus que lui affligé
Et de le
consoler il se vit obligé.
« Ta mère
est morte, lui dit-il, que Dieu m’aide
A supporter ce
grand malheur sans remède !
Mais nos pleurs
ne nous la ramèneront point, hélas !
Je ne suis qu’un
pauvre vieillard chagrin et las,
Tu prieras pour
moi comme nous prions pour ta mère,
Et mon âme comme
ton âme est amère
Et à mon âge
elle va la suivre et s’envoler.
Seul toi
maintenant, mon fils, peux me consoler.
En venant ici j’ai
fait une chose hardie,
Mes parents et
amis sont tous en Picardie
Et je n’ai
personne, mon cher fils, hormis toi,
Dans cette
grande ville comme sous ce bon toit ;
Sois un joli
sujet comme ton vieux père,
Je te trouverai
fille sage et bien née, j’espère,
Et dont la
famille puisse me supporter
Pour te rendre
heureux et pour me réconforter. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
mercredi 13 mai 2015
Conte: Le Bourgeois d'Abbeville, ou la Housse coupée en deux (Partie I)
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