CONTE: Aucassin et nicolette (partie i)
I. Les amours d’Aucassin et de Nicolette, et l’opinion
du père d’Aucassin sur les feux de son fils
Qui de vous, mes
amis, veut entendre l’histoire
De deux amants
jeunes et beaux, et leur victoire ?
Elle a nom
Nicolette, il s’appelle Aucassin,
Amoureux embrasé
de ses feux assassins,
Je vous dirai ce
qu’il endura pour sa mie
Qu’il chérit
sans traitrise et sans nulle infamie,
Beauté au teint
de lis, et ses courtois travaux
En bravant des
hasards variés et nouveaux.
L’homme le plus
malade sera guéri d’entendre
De ces
formidables amours le récit tendre.
Le vieux comte
Bongars de Valence faisait
Au comte de
Beaucaire, Garins, qu’il malaisait,
Depuis dix ans
une guerre sombre et cruelle,
Sans se lasser,
et qui était perpétuelle.
Chaque jour à sa
ville, avec cent chevaliers
Et mille
sergents aux siens peu hospitaliers,
Il venait
égorger ses hommes et sa terre.
Garins, qui en
était le vieux propriétaire,
Pour combattre
était trop débile et trop âgé
Et ne pouvait
braver son ennemi enragé.
Aucassin, son
fils, l’eût remplacé avec gloire
S’il le voulait,
mais l’âme emplie de choses noires,
Bien qu’il fût
un jeune homme grand, beau comme le jour,
Il était la
victime de l’invincible amour,
Et sa mie
occupait tellement ses songeries
Qu’il quittait
les tournois et la chevalerie.
Son père et sa
mère s’en indignaient souvent :
« Tu n’es
point, lui disaient-ils, la nonne au couvent !
Tu es jeune et
fort, prends un cheval et des armes,
Va secourir nos
hommes que l’ennemi alarme,
Leur chef à leur
tête, pour le combat plus mûrs,
Ils défendront
tous leurs biens, leurs jours et leurs murs
Avec plus d’ardeur
et avec plus de vaillance. »
« Et
pourquoi braverai-je les épées et les lances,
Répondait
Aucassin, l’âme emplie d’affliction,
Si embrasser ma
mie demeure une fiction ?
Vous savez mes
désirs : que Dieu rien ne m’accorde
Si je cours
combattre ces barbares hordes,
Ceindre l’épée
afin de braver ces sournois,
Monter à cheval
pour aller à un tournoi
Ou combattre
avant de m’accorder Nicolette.
Mon amour, père
et mère, n’est point fabulette
Et vous me
verrez en souffrir et en pâlir. »
« Tu sais
que cela ne peut jamais s’accomplir,
Reprenait le
père, oublie cette fille,
Honte à toi si
tu laisses périr ta famille !
Elle n’est point
faite pour toi, quel déshonneur
D’être de cette
fille le si fervent prôneur !
Mon vassal, qui
est le vicomte de Beaucaire –
Lui et les siens
de toi sans doute se moquèrent –
L’acheta des
Sarrasins, enfant, fit baptiser
Cette esclave
que nul ne songe à courtiser
Et daigna en
devenir le parrain lui-même.
Insensé, c’est
cela, toi mon fils, que tu aimes !
Il la mariera un
jour à quelque valet
Et ne mérite
point d’habiter un palais.
Si tu veux une
femme, pourquoi ces souffrances ?
Va, beau fils,
regarde dans toute la France,
Tous les
seigneurs seront certainement honorés
D’accorder leurs
filles à notre fils adoré. »
« Ah !
père, répondait Aucassin, c’est elle
Que je désire,
et ma douleur en est mortelle !
Par vos
propositions je ne serai dupé,
Nul lieu sur
terre n’est dignement occupé
Que s’il l’est par
ma mie, Nicolette, ma douce
Que je chéris et
dont le seul nom vous courrouce. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
mercredi 27 mai 2015
Conte: Aucassin et Nicolette (Partie I)
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