CONTE: GRISELIDIS (PARTIE iI)
II. La femme que prit le marquis Gauthier, et ce qu’il
exigea d’elle
A peu de distance du château, il y avait
Un petit village où maint laboureur
vivait
Et que traversait le marquis quand il
passe
Et pour s’amuser va souvent à la chasse.
Parmi ses habitants fut un vieillard
appelé
Janicola, pauvre et de maux accablé,
Qui peinait à marcher et voir dans la
lumière.
Mais souvent dans une malheureuse
chaumière
Repose la douce bénédiction du ciel.
Ce vieillard, qui était bon et
providentiel,
En était la preuve, car il avait une
fille
Aussi charmante que vertueuse et
gentille,
Dont l’âme était belle et le visage
était beau.
Sa pudeur cachant de sa robe les
lambeaux,
Elle gardait ses brebis, les ramenait à
l’étable
Et d’un repas qui ne remplissait point
la table
Et était chétif, mais dont son père était
content,
Le régalait puis le couchait. Depuis
longtemps
Le marquis savait la vertu et la
conduite
De Griselidis, et souvent avec sa suite
S’arrêtait, en allant chasser, sans
point tarder,
Pour contempler la belle et pour la
regarder
En pensant que s’il lui fallait prendre
épouse,
Quitte à rendre toute la noblesse
jalouse,
Il ne prendrait qu’elle, et à la chasse
allait.
Quand le jour de ses noces arriva, le
palais
Etait plein de bourgeois, de chevaliers,
de dames
Et de roturiers. Mais nul ne voyait sa
femme,
Et on se demandait avec grand étonnement
Où était l’épouse du cher marquis
vainement.
Gauthier sortit sans rien dire à cette
assemblée
De son palais, qui le suivit, sombre et
troublée.
Il alla chez le pauvre homme Janicola
Sur le dos de son blanc cheval qui s’envola
Et lui dit : « Je sais
que tu m’es resté fidèle ;
La vertu de ta seule fille fait parler d’elle,
Et je veux qu’elle soit, après ton
consentement,
Mon épouse chérie, ce soir et
promptement. »
Janicola, alors, lui répondit, humble :
« Vous êtes mon maître et nul ne
vous ressemble
En courage comme en noblesse. Vous ravir
Est mon devoir, et vous aimer et vous
servir. »
La jeune Griselidis, pendant ce temps
muette
Et pareille à une pieuse statuette,
Baissait chastement la tête et n’osait
parler
En voyant toutes ces gens soudain
déferler.
Le marquis Gauthier lui dit sans plus
attendre :
« Griselidis, je veux pour épouse
vous prendre ;
Votre père y consent, et en ne disant
rien,
Que vous êtes de son avis je pense bien.
Sachez cependant que si vous devenez
mienne,
Pour m’obéir je veux que rien ne vous
retienne
Et qu’en plus de m’être fidèle, pour
mission,
J’attends de vous une absolue soumission
A tous mes désirs et à tous mes
caprices,
Et que ma volonté soit triomphatrice. »
Griselidis lui répondit : « Je
n’ai point à choisir,
Et jure d’obéir toujours à vos désirs
Et d’être éternellement fidèle apôtresse
De votre volonté, sans aucune détresse. »
« Il suffit », dit alors le
marquis qui la prit
Par la main, et à sa cour et sujets
apprit
La nouvelle au château en disant : « Ma
femme
Est maintenant devant vous ; elle
est votre dame,
Vous qui êtes ici ne devez point ignorer
Qu’il faut l’aimer comme moi-même et l’honorer. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
dimanche 26 avril 2015
Conte: Griselidis (Partie II)
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