CONTE: Griselidis (Partie i)
I. La requête que firent ses vassaux au marquis
Gauthier
A Lombardie, sur
les confins du vieux Piémont,
Thébaïde des
pieux et terreur des démons,
Est une noble
contrée peu connue des hommes
Que terre des
Saluces en ces temps on nomme
Et dont les
seigneurs ont depuis toujours porté
Le titre de
marquis avec grande fierté.
Tous ces marquis
semblaient impuissants et faibles
Devant un
seigneur qu’on appelait Gauthier, noble,
Bien fait,
puissant, de tous les dons du ciel comblé.
Mais ses barons
et ses vassaux étaient troublés
De l’entendre
dire que le mariage
Ne valait point
la chasse, la guerre et les voyages,
Et que prendre
femme n’est pas de ses soucis.
Pour qu’il
devînt donc plus sage et adouci,
Ses barons et
vassaux un jour s’assemblèrent
Pour conférer à
ce sujet, et tremblèrent,
Bien que
Gauthier pour sa bonté fût réputé,
De dire leur
pensée. Quelques vieux députés
Furent choisis
pour lui parler. « Notre maître,
Lui dirent-ils,
daignez conseil nous permettre,
C’est par amour
de vous que nous parlons, seigneur.
Votre front de
vos jeunes jours porte la lueur,
Vous êtes le
mieux fait et le plus bon des hommes,
Et de vous avoir
pour notre marquis nous sommes
Redevables au
ciel et sans doute honorés.
Mais vous n’ignorez
point, cher marquis adoré,
Que les années s’envolent
et qu’elles sont volages,
Et quoique vous
soyez à la fleur de l’âge,
Comme tous les
mortels vous allez vieillir.
Vos vassaux,
dont l’honneur est de vous obéir,
Qui vous
respectent et sont pleins de reconnaissance,
Veulent chercher
pour vous, de haute naissance,
Aussi vertueuse
que ses charmes sont doux,
Une dame dont
vous voudrez être l’époux,
Qui vous aimera
et sera de vous aimée
Et qui chérira
ses petites âmes essaimées,
Et vous
supplient, sire, de daigner l’agréer.
Parmi toutes les
femmes que Dieu a pu créer,
Il y en a
peut-être qui pourrait vous plaire. »
Attendri, le
marquis répondit sans colère :
« Mes amis,
il est vrai, je me plaisais à jouir
De ma liberté.
Mais nul homme ne peut fuir
Le mariage et la
mort. Je vous promets de prendre
Une femme et j’espère
qu’elle sera tendre,
Vertueuse et
belle, et que je vais la chérir.
Oui, il faut
prendre femme avant de périr.
Mais je veux que
vous me promettiez une chose :
Que nul d’entre
vous en mon absence n’ose
Blâmer mon choix
ou en murmurer, que vous soyez
Respectueux pour
votre dame quand vous la voyez,
Qu’elle soit
riche ou pauvre, noble ou roturière ;
Je vous en donne
l’ordre et vous en fais la prière. »
Les barons et
sujets en firent le serment
Et ils
remercièrent le marquis alarmant
Qui prit avec
eux jour pour ses noces prochaines,
Emplissant le
pays d’une joie sans chaînes.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
samedi 25 avril 2015
Conte: Griselidis (Partie I)
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