CONTE: DU PRUD'HOMME QUI RETIRA DE L'EAU SON COMPÈRE
Un pêcheur qui
était occupé à pêcher
Et de rentrer
chez lui voulait se dépêcher
Voit quelqu’un
tomber dans les flots, et il cherche
A l’accrocher
par ses habits avec sa perche
En faisant mille
efforts vaillants pour secourir
Cet homme qui
allait certainement mourir.
Il le sauve,
mais par malheur il lui crève
Un œil avec le
croc pointu. Jusqu’à la grève
Il conduit le
noyé gémissant de douleur
Qui était son
compère, et soigne le grouleur,
Le nourrit et
dans sa demeure le garde
Jusqu’à sa
guérison qui à venir tarde.
Celui-ci, au
moment même où il est sorti,
Et sans
remercier son vaillant sauveur parti,
Forme plainte
contre lui, de ses soins indigne,
Pour l’avoir
blessé. Le bailli leur assigne
Un jour où ils
doivent comparaître tous deux.
Chacun expose
ses raisons ; un fou hideux
Interrompt les
juges au moment de la sentence
Et crie comme un
pendard conduit à la potence :
« Assez,
messieurs ! La chose est simple à décider,
A être
équitables je veux bien vous aider :
Cet homme qui se
plaint avec ingratitude
Qui, à l’entendre,
me semble son habitude,
Eh bien !
Qu’il soit jeté à l’eau au même endroit
Et qu’aux
dédommagements qu’il souhaite il ait droit
S’il s’en retire ;
mais au cas où il y reste,
Récompensez cet
homme vaillant et modeste
Qui l’a sauvé,
pour le service qu’il a rendu. »
Ce jugement,
trouvé juste, fut entendu.
Mais le noyé, de
peur de périr dans les ondes,
Se désista
bientôt de sa sombre demande.
C’est temps
perdu, sires, que vouloir obliger
Un ingrat, et il
va alors vous affliger.
Sauvez un
larron, et votre récompense
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
mercredi 22 avril 2015
Conte: Du Prud’homme qui retira de l’eau son compère
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