CONTE: L'OISEAU BLEU (PARTIE II)
II. A quel prix le fils du roi acheta l’oiseau, et
ce que les deux frères en firent
Quelque temps après, le fils du roi, qui
chassait
Dans la forêt, et qui dans son chemin
passait
Près de la demeure de la veuve, où elle
enferme
Son précieux oiseau, entra à la ferme
Pour demander à boire, étant très
assoiffé.
Il vit l’oiseau de son panache bleu
coiffé,
Et, ébloui, oublia sa soif dévorante.
Sur ses plumes il lut l’inscription
suivante :
« Celui qui mangera ma tête sera
roi,
Et celui qui mangera mon cœur aura
droit,
Tous les matins, à un monceau d’or sous
sa tête. »
Fasciné par cette magnifique bête,
Le prince s’écria, voyant la veuve
venir,
Tout fils de roi qu’il fût ne pouvant se
retenir :
« Bonne femme, vendez-moi ce bel
oiseau, je vous prie !
Je vous l’achèterai cher et sans duperie
Et je vous compterai sur-le-champ mille
francs. »
« Ah ! mère, s’écrièrent les
enfants en pleurant,
Ne vendez pas notre oiseau à cet homme !
S’il n’était plus dans la même maison où
nous sommes
Nous serions bien tristes de ne plus le
revoir. »
« Seigneur, répondit la veuve, pour
tous vos avoirs,
Je ne puis vendre cet oiseau au beau
plumage
Qui plaît à mes enfants par son doux
ramage. »
« Hé bien ! dit le fils du
roi, tenace. Je paierai
Autrement, madame, et je me marierai
A votre fille dont je ferai ma
princesse,
A condition qu’on me serve, le jour des
noces,
Le petit oiseau bleu que voici comme
dîner. »
Cette proposition vint encore chagriner
Les garçons éplorés de cette perte
cruelle.
Mais
leur sœur, qui était en vérité fort belle
Et
trouva le prince bien charmant, les pria
D’y
consentir, et à sa mère s’écria
Qu’elle
voulait devenir princesse. Les frères
Contemplaient
leur cadette qui leur était plus chère
Que
la prunelle de leurs yeux, et à contrecœur,
Finirent
par céder aux prières de leur sœur.
Quand
le jour du mariage arriva, tragique
Pour
les frères et pour le pauvre oiselet magique,
Ce
dernier, qui chanta avant son noir départ,
Tué
et plumé, pour qu’on le servît à part
Au
fils du roi, fut mis dans une petite casserole
Et
cuit avec quelques délicieuses giroles.
Les
frères, qui ignoraient les pouvoirs de l’oiseau
Et
pourquoi le fils du roi qui, dans ses réseaux,
Dut
capturer mille bêtes plus succulentes,
Voulait
le manger, eurent l’idée excellente
D’en
goûter. D’ombre tous les deux enveloppés,
Ils
allèrent, pendant que tous étaient occupés
Aux
apprêts de la noce, aux cuisines royales.
Bien
que leurs âmes fussent à leur sœur loyales,
Ils
mangèrent tout l’oiseau, comme des voleurs gourmands,
Et,
trouvant ce qu’ils firent brusquement alarmant,
Mirent
dans la casserole une mésange ordinaire.
Craignant
du fils du roi la colère sanguinaire,
Ils
s’enfuirent le soir même, et allèrent se cacher
Dans
la forêt, pour qu’on ne vînt point les chercher.
Le
prince, cependant, empli de songerie,
Mangea,
sans se douter de la supercherie,
Le
cœur et la tête du second animal.
La
trahison des deux frères leur faisait mal,
Mais,
malgré leurs remords, dans la forêt sombre,
Ils
s’endormirent, la nuit, au pied d’un arbre.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
dimanche 28 décembre 2014
Conte: L'Oiseau bleu (Partie II)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: