samedi 27 décembre 2014

Conte: L'Oiseau bleu (Partie I)

Conte: L'oiseau bleu (Partie I)


I. Comment une veuve trouva un étrange oiseau bleu dans la forêt

Jadis, une veuve qui était fermière,
Avec ses trois enfants vivait dans sa chaumière.
Vaillante mère, elle avait à son arçon
Une jolie fille et trois jeunes garçons
Qu’elle aimait également, bienveillante mère,
Bien qu’elle fût de la mort de son époux amère.

Puisque la fermière fut, comme je vous le dis,
Une vaillante mère, à tous les mercredis,
Elle avait la même laborieuse tâche
Et au marché portait le lait de ses vaches
En choisissant, parmi tous les chemins nombreux,
Celui qui traversait une forêt, ténébreux.
Un jour qu’elle était en route, comme d’habitude,
Elle aperçut soudain, dans la solitude,
Un petit oiseau bleu qui joyeusement voletait
Autour d’elle, de branche en branche, et qui chantait.
Il était bien charmant, comme il était gracile,
Et chaque fois qu’elle passait, léger et facile,
Se laissait approcher sans qu’il ne s’envolât.
Craignant qu’à ses maîtres elle ne le volât,
La fermière n’osa pas une fois le prendre.
Elle en parla à ses enfants ; d’une voix tendre,
Elle leur dit : « Chaque semaine, en allant au marché,
Je vois un oiseau bleu sur son arbre perché.
Il vient à moi au lieu de s’envoler vite,
Et jamais, quand il me voit, il ne m’évite,
Il est si beau que sa beauté vous étonnerait
Et que le bouvreuil et le chardonneret
Sembleraient laids auprès de lui. » Ils s’écrièrent 
Qu’elle aurait dû le prendre, et ils la prièrent
De le leur apporter. « Comme toi, mère, de nous,
Nous nous occuperons de lui, et tel un minou,
Nous le nourrirons et lui donnerons des caresses,
Et le chérirons, tous les jours, sans paresse. »
« Si je le revois, dit-elle, pour vous faire plaisir,
Je vous l’apporterai, comme c’est votre désir. »
En allant au marché la semaine suivante,
Elle revit l’oiseau bleu qui, sans épouvante,
L’attendait, emplissant la forêt de ses chants.
Quand il la vit, de lui prudemment s’approchant,
Il se laissa prendre, tendre comme la soie.
Les enfants le virent et sautèrent de joie
En remerciant leur mère qui leur fit ce présent.
Ils mirent l’oiseau bleu qui chantait des chants plaisants
Dans une jolie cage qu’ils laissaient souvent ouverte
Comme s’il était encore dans la forêt verte,
Et ils lui prodiguaient tous mille soins bienveillants.
Ils y trouvaient, chaque matin, un œuf brillant
Comme le soleil radieux. Ignorant leur noblesse,
La veuve, de ces œufs que l’oiseau bleu lui laisse,
Ramassa une douzaine, et dans sa naïveté,
Proposa, au marchand d’œufs, de les acheter.
Ce marchand, qui était lui aussi une bonne âme,
Lui dit : « Ces œufs que vous me vendez, madame,
Ne sont point ordinaires ; c’est de l’or le plus pur.
Ne vous étonnez pas, j’en suis tout à fait sûr,
Et ne puis vous acheter, n’étant point riche,
Ces œufs que vous croyez visiblement chiches. »
La veuve remercia cet honnête marchand
En lui offrant deux œufs fort gros, et en cachant
Les autres aux curieux, et elle revint chez elle
Et chérit son oiseau avec plus de zèle.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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