La clémence de Saladin
Hier, les deux
armées qui s’étaient réunies
Au mont des
Oliviers, combattirent vaillamment ;
Les flèches, comme
si elles tombaient du firmament,
Pleuvaient sur les
remparts cachant les lieux de culte,
Les mangonneaux,
les pierres et les catapultes
Chantèrent ensemble
la symphonie de la mort,
Blessèrent Hiérosolyme
éventrée sans remords
Et à la fière
muraille firent maintes cicatrices.
Les engins de
siège, instruments de supplice,
Firent gémir le
fort qui se lamentait, sapé
Et de poussière et
de fumée enveloppé,
Dans le ciel
ténébreux, les vautours qui grognent
Des hommes et des
chevaux épiaient les charognes
Et attendaient l’heure
de leur dîner soudain,
Les soldats de
Balian et ceux de Saladin
Reçurent l’absolution
et firent la prière
Et au nom du même
dieu s’entretuèrent,
Chacun d’eux était
sûr d’aller au paradis
Et croyait l’autre
impie, insensé et maudit,
Tous étaient en
colère, sombres et fanatiques,
Et tous
qualifiaient leurs adversaires d’hérétiques
En les tuant au
nom de la religion,
Aveuglés par trop
d’ombres ou par trop de rayons,
Mais ne pouvant
voir, quelles qu’en fussent les causes.
La guerre est
terminée. C’est une terrible chose
Qu’un combat
commencé, mais un combat achevé,
Des épées cachées
et un siège levé
Et des soldats blessés
qui se lavent le visage
Souillé de sang, c’est
le sinistre présage
De la noire
vengeance et du cruel châtiment.
Malheur aux
vaincus ! Ils soupiraient sombrement
En attendant leur
sort : l’exil, la mort, la honte.
Ils tremblaient du
vainqueur : les prêtres racontent
Que c’est un homme
farouche, sans cœur et sans pitié.
Par les trous des
murailles qui montraient à moitié
Le conquérant et
ses soldats qui s’approchaient
Les manants
regardaient, et comme s’ils cherchaient
Quelque chose qu’ils
avaient perdu dans le désert,
Etaient tous
attentifs, curieux et diserts.
Saladin, monté sur
son destrier de guerre,
Souriait et avait
les yeux pleins de lumière
En voyant la porte
du père de Salomon.
La grande
forteresse, plus fière que les monts,
Se dressait,
haute, pareille à un temple antique,
Contemplait le
vainqueur, et calme et politique,
En le voyant
semblait se courber devant lui,
Car il était
radieux comme le jour qui reluit.
L’ayyoubide vit,
au pied de la muraille,
Un soldat
gémissant, las de la bataille ;
C’était un croisé
que ses chefs avaient laissé
En prenant la fuite,
presque mort et blessé
Par les épées
ennemies, griffes belliqueuses.
Une voix s’éleva,
courroucée et moqueuse :
« Voyez-moi
ça ! » une autre, plus féroce, s’écria :
« Qu’on l’achève ! »
le croisé, se croyant mort, pria.
Mais, arrêtant les
deux soldats pleins de rage,
Saladin dit : « Il
a lutté avec courage
Comme nous avons
lutté. Mahomet pardonna
Comme Jésus à ses
ennemis ; l’assassinat
Assombrit la
victoire. Alors qu’on éloigne
Ce soldat du fort,
qu’on l’emmène et qu’on le soigne. »
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
vendredi 17 août 2012
La clémence de Saladin
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