Salomon et la fourmi
Le roi Salomon qui
parle aux bêtes farouches,
A l’aurore qui se
lève, au soleil qui se couche,
Et qui commande
aux hommes comme il commande aux vents
S’en allait en
guerre du côté du Levant.
Pareil à une
foudre du firmament tombée,
Le fils illustre
de David et Bethsabée
Qui apprit comme
son père à dompter les géants,
Avait des aigles
pour archers, déployant
Leurs ailes dans
le ciel noirci par leur nombre.
A sa gauche il
avait, cavaliers sombres,
Deux mille djinns
debout sur leurs destriers noirs,
Et à sa droite,
hauts et fiers, on pouvait voir
Une armée de deux
mille hommes prêts à vaincre
Et qui étaient
debout sur leurs destriers pourpres,
Et il avait dix
mille fantassins derrière lui.
Un jour passa.
Quand vint la ténébreuse nuit
Qui ploya sur le
monde ses grandes ailes noires,
Salomon et ses
hommes fatigués voulaient boire
Et le roi dit aux
djinns : « Envolez-vous, cherchez
Une oasis fertile,
qu’on puisse étancher
Notre soif. »
Et les djinns courbés obéirent.
Ils revinrent
après une heure et lui dirent :
« Majesté, il
n’y en a point. » « Creusez des puits
Et trouvez-nous à
boire, ou je vous enfouis,
Par Dieu !
Dans s’étroites et sombres bouteilles. »
Ordonna Salomon.
L’aurore vermeille
Emplissait le ciel
de son sourire content,
Les djinns
creusaient toujours. Epuisés et haletants,
Au fils de David
ils dirent : « Cette terre est aride,
Nous pouvons
creuser à en avoir des rides,
Seigneur. Mais
dans ces puits traîtres il n’y a point d’eau. »
Salomon
répondit : « C’est trop ployer vos dos,
Et votre vigueur,
preux djinns, m’est nécessaire.
Interrogeons alors
les oiseaux sincères,
Ils connaissent le
monde comme un marin la mer. »
Et en levant la
tête, il demanda, fier
S’il y a une
oasis, à son armée volante.
« Non,
Seigneur. » répondit l’hirondelle tremblante.
« Je ne sais,
majesté. Répondit le corbeau ;
Dans ce désert nos
yeux sont de pâles flambeaux. »
« Non,
Sire. » répondit l’aigle aux brunes ailes,
Ainsi que la
corneille, la caille et la sitelle.
« Et la
huppe ? s’écria Salomon courroucé.
Où est-elle
allée ? Si je n’étais point pressé,
Je la châtierais
pour son arrogante absence.
Mais avant,
buvons. » Et parlant au ciel immense,
Salomon commanda
aux nuées : « A genoux !
Devenez
ténébreuses et pleuvez vite pour nous. »
Il plut et Salomon
et son armée burent
Ainsi que toutes
les pâles créatures
Et ils
poursuivirent leur belliqueux chemin,
Pléthore
formidable de démons et d’humains
Qui fait trembler
les hommes et fait trembler la terre
Et oblige le
tonnerre farouche à se taire.
Passant près d’une
vallée au sourire ami,
Salomon entendit
une noire fourmi
Dire à ses
pareilles : « Le roi Salomon passe
Avec sa vaste
armée. Laissez-lui la place
Où il nous
écrasera toutes sans même nous voir.
Nous sommes de la
poussière pour ces hommes aux yeux noirs ;
Nous, nous les
voyons. Mais ils ne nous voient guère
Et ils sont plus
aveugles quand ils font la guerre. »
Le roi-prophète
sourit de cette témérité
Et ordonna à son
armée de s’arrêter
Puis dit à la
fourmi : « que disais-tu, commère ?
Sais-tu qui je suis
et qui était mon père ?
N’as-tu pas
entendu retentir dans les monts
Le nom de David et
le nom de Salomon ? »
La fourmi
répondit : « Roi, je sais qui vous êtes
Et qui était votre
père, illustres prophètes.
Je sais que vous
donnez des ordres aux éléments
Et que tout sur
terre et dans le firmament
Vous obéit, hormis
Dieu et ses anges ;
Mais vous êtes un
homme, mais vous êtes de la fange
Et vous obéissez
au joug providentiel.
Je suis petite
pour vous et vous l’êtes pour le ciel. »
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
mardi 24 juillet 2012
Salomon et la fourmi
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