La mort de Mahomet
Cette ville bénie
par l’aurore divine
Qui semble
éternelle et y reluit doucement :
« Mahomet est
mort ! » Le peuple était alarmant
Et alarmé. Dans
les rues, la vaste foule,
Comme si elle
était emportée par la houle,
Courait
éperdument, sans qu’elle sût pourquoi.
Certains
songeaient, et sans oser élever leurs voix
Murmuraient : « il
vivrait, s’il était prophète ! »
Les autres, l’œil
farouche et la bouche muette,
Allaient le voir
gisant dans son appartement ;
Un linceul
grossier montrait sa tête seulement
Et son front
qu’éclairait un radieux sourire,
Il cessait de
vivre sans cesser de reluire,
Et n’avait
emporté, dans l’éternelle nuit,
Que sa tunique
verte et déchirée avec lui,
Ayant gagé chez un
juif son armure
Pour qu’il
mangeât, contre un peu de nourriture.
Il semblait dormir
comme une douce vierge dort
Sans amertume,
sans douleur et sans remords,
Ceux qui vinrent
le voir en l’embrassant pleurèrent,
Ses lèvres, comme
pour dire une éternelle prière,
Etaient
entrouvertes, et ses yeux étaient fermés.
Omar arriva, pâle,
de son épée armé,
Il était courroucé
et son regard farouche
Et sans qu’un seul
mot ne sortît de sa bouche,
Il contemplait ces
hommes et ce cadavre blanc
Et aux endeuillés
qui l’écoutaient en tremblant
Dit : « Cessez
de pleurer, sombres hypocrites !
Mahomet n’est
point mort. Il nous reviendra vite
Car il est allé
comme Moïse, fils d’Imran,
Voir le Seigneur.
Il vous châtiera s’il apprend
Que vous avez dit
qu’il est mort. Erreur profonde !
L’âme de Mahomet
ne peut quitter ce monde !
Ô, cœurs volages,
où est donc votre foi ?
Et vois-je, par
hasard, des impies devant moi ? »
Et Omar, qui
bravait l’évidence têtue,
Cria : « Celui
qui dit qu’il est mort, je le tue ! »
Tous ces hommes,
pourtant preux, restèrent muets.
Abubèkre arriva. Oubliant
de saluer,
Sa barbe était
mouillée par ses larmes augustes.
A ceux qui étaient
là il dit : « Dieu est juste,
N’en doutez
point ! Il sait et vous ne savez pas.
Nul homme, fût-il
prophète, ne fuit le trépas. »
Et il dit à
Omar : « Assieds-toi, qu’on m’écoute. »
Il s’assit.
Abubèkre poursuivit : « Que le doute
N’assaille point
vos cœurs, croyants, si vous croyez !
Et apprenez tous
de ce qu’ici vous voyez
Que nul n’est
immortel, que Dieu moissonne les âmes
De tout ce qu’il
crée. Vous, vos enfants et vos femmes
Vous mourrez,
alors ne vivez point criminels !
Mahomet est bien
mort, mais Dieu est éternel. »
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
lundi 23 juillet 2012
La mort de Mahomet
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: