samedi 21 juillet 2012

Les trois vœux


Les trois vœux 


 Un pauvre homme priait Dieu chaque nuit du Destin
D’être clément, et le ciel d’être moins hautain
Et de se pencher un peu pour voir son ombre.
Il gémissait, seul, dans les ténèbres sombres,
N’ayant point de femme et n’ayant point d’enfants,
Disant à Dieu : « Vous êtes radieux et triomphant,
Tout vous obéit, les hommes et les choses,
La nuit au front noir et l’aurore aux doigts roses,
Et toute la création, qui vous voit à genoux,
Vous implore comme moi, courbée devant vous !
Pitié, Seigneur ! Maintes fois, sans nourriture,
Je me suis endormi. La faim me torture
Et tous mes jours sont des jours de jeûne éternel !
Vous souriez aux pécheurs, aux sombres criminels ;
Mon cœur est pur et je ne vois point reluire
Pour me consoler, votre éternel sourire,
Et pourtant vous êtes doux et miséricordieux !
Ô, suis-je donc le seul que ne voit point Dieu ?
Suis-je maudit, moi qui vous aime et vous adore ?
Quand tout est éclairé par votre aurore,
Ne verrai-je jamais sur moi tomber vos rayons,
Rongé par la misère et vêtu de haillons,
Cadavre vivant et que les vers tourmentent ?
Les heures et les années passent, sœurs véhémentes,
Et moi je gémis en espérant votre amour
Et j’erre appesanti par le fardeau des jours. »

Une nuit, tandis qu’il priait de la sorte,
Le pauvre hère vit une mystérieuse porte
S’ouvrir soudain dans les insondables cieux.
Tremblant et étonné, il ferma ses yeux,
Aveuglé par le jour de cette lumière étrange.
Quand il les rouvrit, il vit devant lui un ange
Qui lui dit : « Manant, le Seigneur m’envoie à toi,
Comme tout ici-bas, il t’entend et te voit
Et il exaucera trois de tes prières.
Tu ne me verras plus dans ta chaumière,
Songe avant de parler. » Le manant promptement
Dit : « Etre riche comme Crésus et Lokiman
Est mon premier souhait. » Son bouge misérable
Devint château. Il dit : « Ô, ange vénérable !
Je veux être certain d’aller au paradis »
L’ange le contempla un instant et lui dit : 
« Dieu doit voir ce que tu feras de tes richesses
D’abord. Fais un troisième vœu, car le temps presse
Et je dois m’en aller auprès du Seigneur. »
Le manant s’écria : « Ô, ange aux douces lueurs !
Je veux être aimé de toutes les femmes que j’aime »
Et l’ange répondit : « Sache que Dieu lui-même
Sur le cœur d’une femme n’a que peu de pouvoir. »
Et s’envola, radieux, dans le firmament noir.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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