dimanche 8 juillet 2012

Hamza et le lion d’Alep


Hamza et le lion d’Alep


 Près d’Alep, ville où aujourd’hui règne l’effroi,
Le fier Hamza passait sur son blanc palefroi,
Il était seul et il n’avait point d’armes
Mais ses yeux d’aigle jetaient des regards fermes
A tout ce qu’il voyait, cet éternel guerrier
Avait sur la tête d’invisibles lauriers
Et épiant quelque chose dans la solitude,
Du combattant avait la sombre attitude,
Attentif aux dagues cachées soudain frappant,
Aux flèches empoisonnées et aux noirs guets-apens.

Il arriva enfin à l’antique ville,
Calme d’habitude, elle était fébrile,
Houleuse et alarmée, secouée affreusement
Par une grande peur ou un grand évènement ;
Leurs petits pendant à leurs seins, les mères hagardes
Couraient comme des gazelles que les serpents mordent,
Les vieillards chenus, les femmes et les enfants
Fuyaient quelque chose d’horrible et triomphant,
Du peuple rapide et empli de zèle
L’effroi ailé faisait déployer les ailes,
Les aveuglait, mettant son bandeau sur leurs yeux,
Car ils se bousculaient sans rien voir devant eux
Et poussaient un énorme cri plein d’épouvante.
Hamza étonné, en arrêtant une manante
Lui demanda : « Pourquoi courez-vous tous ainsi ?
Par la nuit le ciel n’est pas encore obscurci
Et on ne voit point de spectres à cette heure.
D’où vient que vous fuyez ? D’où vient que tu pleures ?
L’ennemi vous attaque-t-il ? Votre roi est-il mort ?
Réponds ! » « Je quitterai cette ville sans remords
Répondit la manante effrayée. Peu importe
Que de mon humble bouge j’y laisse la porte
Ouverte aux voleurs et qui n’oseront pas
Venir ici braver le farouche trépas !
Un lion nous assaille et il est gigantesque,
On eût dit un dragon ou une tarasque
Que nous envoya quelque dieu des païens !
Et je pense, par Dieu ! que l’unique moyen
Pour que périsse cette bête immonde et cruelle
Est que la foudre du Seigneur tombe sur elle !
Elle a mangé deux preux, qui étaient assez fous
Pour braver sans trembler son funeste courroux,
Ça, guerrier, qui que vous soyez, quittez cette ville »
Hamza descendit de son cheval, et tranquille,
Sans répondre à la femme tremblante, informé,
Il s’avança vers la ville, seul et désarmé.

Il vit, sans tressaillir, la formidable bête :
De sa crinière énorme l’épouvantable crête
Comme un champ de bataille était souillée de sang
Et elle poussait des rugissements puissants.
Ni le lion de Némée, ni les lions de Rome
Qui dévorent dans les cirques chaque jour un homme
N’étaient plus effrayants que ce lion forcené.
Une heure passa, ô, combat noir, acharné,
Des ongles empourprés et des griffes vermeilles !
Hamza, en traînant la bête par l’oreille,
Sortit de la ville, fatigué et vainqueur,
Et dit aux manants qui tremblaient encor de peur :
« La terreur n’assiège que les âmes impures,
L’homme qui craint Dieu ne craint point ces créatures »


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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