mardi 26 juin 2012

Le calife Omar et le messager de Chosroès


Le calife Omar et le messager de Chosroès


Chosroès choisit son messager le plus brave
Et le chargea d’une mission auguste et grave :
Aller à Médine, ville emplie de rayons,
Parler au preux Omar, calife et aussi lion.

Hâtant le pas léger de son cheval rapide,
Il arriva enfin. Le désert aride
Ouvrait partout sa gueule pleine des flammes de l’enfer
Et les dunes de sable comme les ondes d’une mer
Devant les voyageurs s’étendaient, infinies.
Si la ville n’était pas par Dieu lui-même bénie,
L’on eût cru qu’on était allé après la mort
A la géhenne terrible et d’où rien ne sort.
Mais le messager qui respirait à peine
Ne s’arrêta point. Sa calebasse était pleine
A l’aube, mais elle est plus vide maintenant
Que le lit d’une veuve et la maison d’un manant.
Poursuivant sa route, il vit un pauvre hère
Qui sommeillait sous un palmier, sa chaumière.
Il était vêtu de haillons, le messager
Qui arrêta devant lui son cheval léger
Etait vêtu de soie et d’or. Il dit à l’homme,
Le réveillant soudain de son paisible somme :
« Manant, Chosroès, roi de Perse, m’envoya
Parler au calife Omar qui ploya
Comme un arbre frêle l’orage en furie
Jérusalem, l’Irak, l’Egypte et la Syrie.
Je cherche le héros de la Qadissiyya
De Badr et de Hunayn, et de l’Hudaybiya,
Ennemi d’Héraclius, empereur qui se cache
Comme un enfant qui a peur, à Antioche,
Qui empourpra l’Euphrate et assiégea Damas
Et qui en rugissant seulement désarma
Avec sa voix Kaskar, Ctésiphon et Émèse
Et de Koufa et de Bassorah fit ses bases.
Mais par Dieu, manant ! Je te parle, regarde-moi ! »
« C’est Omar que tu cherches ? Tu l’as devant toi. 
 Répondit le dormeur en levant sa tête fière.
Je vois que les Perses n’ont pas de manières,
Car d’habitude, lorsqu’on me parle, on descend
De son cheval, et on ôte son casque offensant. »
Le messager devint comme la nuit blême
Et s’écria, comme s’il jetait un anathème :
« Calife et vous dormez ici ! Dieu tout-puissant !
Et dire que je pensais, insensé, en passant
A vous interroger et à vous faire l’aumône !
Que votre majesté soit clémente et pardonne
A un sot qui ne vous vit point en vous parlant ! »

Le calife Omar dit au messager tremblant,
Aux lèvres un sourire bienveillant et auguste :
« On peut dormir où on veut quand on est juste. »



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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