Le calife Omar et le messager de Chosroès
Chosroès choisit
son messager le plus brave
Et le chargea
d’une mission auguste et grave :
Aller à Médine,
ville emplie de rayons,
Parler au preux
Omar, calife et aussi lion.
Hâtant le pas
léger de son cheval rapide,
Il arriva enfin.
Le désert aride
Ouvrait partout sa
gueule pleine des flammes de l’enfer
Et les dunes de
sable comme les ondes d’une mer
Devant les
voyageurs s’étendaient, infinies.
Si la ville
n’était pas par Dieu lui-même bénie,
L’on eût cru qu’on
était allé après la mort
A la géhenne
terrible et d’où rien ne sort.
Mais le messager
qui respirait à peine
Ne s’arrêta point.
Sa calebasse était pleine
A l’aube, mais
elle est plus vide maintenant
Que le lit d’une
veuve et la maison d’un manant.
Poursuivant sa
route, il vit un pauvre hère
Qui sommeillait
sous un palmier, sa chaumière.
Il était vêtu de
haillons, le messager
Qui arrêta devant
lui son cheval léger
Etait vêtu de soie
et d’or. Il dit à l’homme,
Le réveillant
soudain de son paisible somme :
« Manant,
Chosroès, roi de Perse, m’envoya
Parler au calife
Omar qui ploya
Comme un arbre
frêle l’orage en furie
Jérusalem, l’Irak,
l’Egypte et la Syrie.
Je cherche le
héros de la Qadissiyya
De Badr et de
Hunayn, et de l’Hudaybiya,
Ennemi
d’Héraclius, empereur qui se cache
Comme un enfant
qui a peur, à Antioche,
Qui empourpra
l’Euphrate et assiégea Damas
Et qui en rugissant
seulement désarma
Avec sa voix
Kaskar, Ctésiphon et Émèse
Et de Koufa et de
Bassorah fit ses bases.
Mais par Dieu,
manant ! Je te parle, regarde-moi ! »
« C’est Omar
que tu cherches ? Tu l’as devant toi.
Répondit le dormeur en levant sa tête fière.
Je vois que les
Perses n’ont pas de manières,
Car d’habitude,
lorsqu’on me parle, on descend
De son cheval, et
on ôte son casque offensant. »
Le messager devint
comme la nuit blême
Et s’écria, comme
s’il jetait un anathème :
« Calife et
vous dormez ici ! Dieu tout-puissant !
Et dire que je
pensais, insensé, en passant
A vous interroger
et à vous faire l’aumône !
Que votre majesté
soit clémente et pardonne
A un sot qui ne
vous vit point en vous parlant ! »
Le calife Omar dit
au messager tremblant,
Aux lèvres un
sourire bienveillant et auguste :
« On peut
dormir où on veut quand on est juste. »
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2092.
mardi 26 juin 2012
Le calife Omar et le messager de Chosroès
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