dimanche 13 mai 2018

Vieillesse de l'Olympe

Vieillesse de l'olympe


Comme un malade le mont est livide,
Rivage empli d’épaves de festins,
Table emplie de coupes de vin vides,
Ironie pétrifiée du noir destin.

Çà et là, des chèvres maladives,
Effrayantes par leur sombre maigreur,
Broutent lentement des câpres chétives
Et des herbes sèches et sans odeur,

Des vautours immenses et faméliques
Attendent d’improbables proies sans fin,
Que quelque chose sur le mont antique
Meure de fatigue ou meure de faim,

Des hyènes squelettiques fouillent
Comme des larrons dans l’ombre tapis
De leurs consœurs mortes les dépouilles,
Aussi vides que de tardifs épis,

Et des loups débandés, la faim au ventre,
Errent, fatigués et les yeux éteints,
Cherchant en vain un cadavre ou un antre
Comme au soir on chercherait le matin.

Les divinités, disparues ou mortes,
Ont quitté leur éternelle maison
En claquant l’universelle porte,
Las des mortels et leur sombre Raison,

La robe de Vénus, jadis blanche,
Est souillée de poussière ; le Trident
Est brisé comme une frêle branche
Que l’hiver a privée de ses trois dents,

Le Marteau est cassé sur l’enclume,
Le Foudre gît éteint et calciné
Et comme un reste de bûcher fume
Dans l’immortel Olympe assassiné.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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