dimanche 4 novembre 2012

Après le Jugement dernier


Après le Jugement dernier


 Ô, ténèbres ! L’heure sombre est enfin venue !
L’univers se cache, comme une femme nue,
Derrière un voile d’ombres, effrayé des lueurs,
A l’œil éternellement ouvert du Seigneur,
Et l’on sent partout un vague parfum d’abîme.
Heure terrible aux mauvais, aux bons magnanime !
Dans l’immensité noire, on peut entendre encor
Pareil à une voix plaintive, l’écho du Cor
Qui réveilla les morts de leurs tombes profondes.
Au fond de l’abîme, quelque chose gronde,
On eût dit qu’une lyre mystérieuse chantait
Un chant infini et que l’ombre répétait.

Dieu dit à Azraël : « Que rien ne demeure !
Que toutes les bêtes périssent, que tous les hommes meurent ! »
Et l’ange de la Mort obéit en tremblant
A Celui qui règne sur le blanc firmament.
Dieu lui demanda : « Qui reste ? » Et l’ange
Répondit : « Vous êtes Celui qui point ne change,
Et vous êtes omniscient. Seigneur, hormis le vent,
Moi et Gabriel, rien n’est désormais vivant. »
Dieu roula la terre et les cieux dans sa main droite
Et ordonna : « Que le vent qui dans les cimes hautes
Devant mes yeux ose errer imprudemment,
Périsse. » Le vent périt. Avec un grondement,
Dieu demanda à l’ange : « Qui reste encore ? »
Et l’ange répondit : « Moi qui vous implore
D’être clément, ainsi que Gabriel, restons. »
Les deux anges courbés murmurèrent : « Nous sentons
Notre fin proche ; ô, Dieu ! Sauvez-nous des affres
De la mort, et sauvez nos âmes du gouffre ! »
« Périssez. Ordonna Dieu. Vous fûtes créés
Pour remplir une mission. Et vous êtes ployés
En ce moment devant moi car elle est remplie. »
Les deux anges périrent. Avec sa voix qui plie
Les existences et les abîmes, Dieu gronda
Et au néant muet et pâle demanda :
« Qui reste ? Qui reste ? Où sont ces hommes sombres
Dont les cœurs ténébreux étaient emplis d’ombre ?
Où êtes-vous, pécheurs ? Où êtes-vous, oppresseurs ?
Où êtes-vous, mortels arrogants et sans peur ? »
Rien ne répondit. Et Dieu dit : « C’est Moi qui règne
Sur toute la création, et que les cieux craignent !
Je suis le Seul, je suis l’Unique et l’Éternel ;
Réjouissez-vous, hommes bons, et tremblez, criminels ! »


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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