vendredi 21 septembre 2012

La compassion de Mahomet


La compassion de Mahomet


 Voici venir l’heure ténébreuse et terrible
De la résurrection, du jugement impassible,
De l’éternelle joie, de l’éternelle douleur !
Le ciel parfumé s’ouvre comme une fleur,
L’enfer apparaît à gauche et l’éden à droite
Et tous les êtres humains, dans une voie étroite,
Courbés devant Celui qui créa l’univers,
Marchent, l’œil sombre et appesantis de fers,
Ou radieux comme le jour et comme l’aurore.
On entend les damnés qui vainement implorent
Dieu de leur pardonner leurs fautes, d’être clément
Et d’adoucir l’horreur de leurs obscurs tourments.
Mais, ô, tardifs remords, inutiles prières !
De son pardon ils ne peuvent plus voir la lumière !
Ils marchent, fétides, espérant le tombeau
Et cherchant sans répit l’introuvable flambeau,
Le jour incertain, le rayon improbable,
Qui éclaireraient leur route interminable !
Les justes, eux, rayonnent et la terre verdit
Sous leurs pas, et s’enflamme sous les pas des maudits,
Ils tiennent leurs livres comme l’amant une rose,
Ils sont sereins et ne sont point moroses,
Car la brise caresse leurs visages bénis
Et elle leur apporte le parfum infini
De l’éden qui sera bientôt leur demeure.
Chaque damné hurle : « Il faut que je meure ! »
Et les bons murmurent : « Le Seigneur nous attend ! »
Accablé de chaînes, l’orgueilleux Satan
Est conduit le premier à l’ardente géhenne
Où deux archanges en colère l’emmènent,
La flamme aux yeux et l’épée à la main.

Courroucé, Dieu gronde, et tous les frêles humains
S’enfuient en entendant sa voix qui terrasse
Les montagnes ployées, à la tête basse,
Et courbe les impies sur des pierres de feu.
Jésus, Moïse et tous les prophètes crient : « Ô, Dieu !
Sauvez-nous de votre terrible colère ! »
Et le premier zéphyr, de sa main passagère,
Leur ouvre les portes du Royaume radieux.
Mahomet, à genoux sous le trône de Dieu,
Est seul, et sans oser lever ses yeux prie.
Eploré, il entend les condamnés qui crient,
Et Dieu lui demande, l’œil plein de compassion :
« Que veux-tu ? » il répond : « Sauvez ma nation. »


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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