Le supplice de Galilée
Et ouvre lentement
ses ailes difformes,
La foule est là et
on entend son vaste cri.
Un vieillard
accablé de chaînes, qui sourit,
S’avance, auguste
et doux septuagénaire,
Les immondes
crachats du troupeau sanguinaire
Qu’il ne peut
essuyer, malgré son âge chenu,
Tombent sur son
visage et son sein presque nu
Et empourpré comme
son dos par les pierres.
« Tuez cet
ennemi de la sainte lumière !
Mais avant, au nom
de Dieu, faites-le bien souffrir !
Bourreau, qu’il te
supplie vainement de périr,
Ce rival du
Christ, des prêtres et de l’Église ! »
Hurle la foule
sombre et que le trépas grise
Venue voir mourir
ce vieillard à l’œil si beau
Que la mort
n’effraie pas, car il va au tombeau.
Mais cette hydre humaine
que la haine enivre
Ne calcule point
le temps qu’il lui reste à vivre
Et elle vient
contempler le supplice mérité
De ce gladiateur
de l’éternelle Vérité
Qui sourit sans
que nul mot ne sort de sa bouche.
Monté sur
l’échafaud, le prêtre farouche
Lui dit : « Pour
ton salut, misérable pécheur,
Et si du Paradis
tu veux voir les lueurs
Implore le pardon
de Dieu et du Saint-Office !
Tu mourras
rapidement, sans gémir du supplice,
Si devant Dieu tu
renonces à ton orgueil »
Le sourire à la
bouche et la flamme à l’œil,
Galilée est muet
et rêve de quelque chose.
« Arrogant !
Même sur l’échafaud, tu oses
Railler par ton
silence et l’Église et Dieu !
Mais tu parleras.
Je ne connais rien de mieux
Que le brodequin,
le chat et la poire
Pour ployer devant
le Seigneur les âmes noires !
Bourreau, fais ton
travail. » Le brave supplicié
Gémit sans crier
de l’étreinte de l’acier.
Le prêtre lui
demande, aux yeux une nuit cruelle :
« Alors,
Galilée, la Terre tourne-t-elle ? »
« Oui, elle
tourne » répond le condamné, fier.
Le supplice
continue. « Démon qu’abhorre l’enfer,
Est-ce que la
Terre tourne ? » Demande encore le prêtre.
« Elle tourne
encore et vous n’en êtes point les maîtres »
Répond la victime.
Et le supplice se poursuit,
Horrible et
éternel. A l’homme presque évanoui
L’homme qui est
debout une troisième fois demande :
« Par Dieu,
mécréant ! Ton arrogance est grande !
La Terre
tourne-t-elle encore ? Réponds, cœur sourd ! »
Et le héros
murmure : « Oui, elle tourne toujours »
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
lundi 9 juillet 2012
Le supplice de Galilée
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