dimanche 7 décembre 2025

À ma fille bien-aimée

  à ma fille bien-aimée

J’aime tes jouets quand ils sont par terre,
Bleus, jaunes, rouges, verts, orange, noirs,
Et mon cœur frémit, mon cœur de père,
Chaque fois que mes yeux peuvent te voir.

J’aime le son de ta voix mélodieuse
Qui dit des choses improbables et rit,
Quand, pareille à une fée merveilleuse,
Tu exauces mes vœux et me guérit.

Je t’aime comme la mer immense,
Je t’aime comme l’univers sans fin,
Je t’aime plus que tu ne le penses,
Et de ton amour j’ai soif et j’ai faim.

Comme un soleil doux de printemps, tu brilles
Dans le firmament clair de la maison,
Toi qui viens d’arriver dans la famille
Comme un fruit vert, mais qui est de saison ;

Un an et quelques mois : petite vie,
Petits soucis, petits pieds, petites mains,
Mon âme de ta présence est ravie,
Ébauche radieuse d’un être humain,

Car les ébauches sont les plus belles !
Rien n’est plus beau que le premier amour,
Le croquis d’une peinture éternelle
Et le lever invincible du jour !

Alors écoute-moi : reste frêle,
Reste petite, ne grandis pas,
Et ne répond pas, quand je t’appelle :
« Oui, mon père » mais répond « oui, papa » !



Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

samedi 6 décembre 2025

Stances

 stances

Dans la nuit lourde qui s’appesantit,
Ta chevelure luit comme une étoile,
Ta chevelure guide ma voile
Et mon cœur loin du rivage parti

Mon cœur que les malheurs et les plaisirs
Ont abîmé, comme un fruit qui tombe
De l’arbre épais qui lui sert de tombe,
Dont tu es désormais le seul désir !

J’ai désiré des ports toujours trompeurs
Et des mers qui ont été inclémentes,
J’ai connu l’illusion qui tourmente
Et j’ai connu le rêve qui fait peur,

J’ai vu la peur croître dans mon esprit,
La peur de l’inconnu qui brûle l’âme
Et grandit comme une invincible flamme
Au milieu de tout ce que l’on chérit !

Je te chéris comme les grands hasards,
Comme la route sombre et la tempête,
Erreur je veux seulement poser ma tête,
Ma tête endolorie, sur ton regard !


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

vendredi 5 décembre 2025

Bruit blanc

 BRUIT BLANC

La ville, comme une vague,
Sur l’écueil blanc de mon esprit,
Se brise, charmante et vague,
De cette mer je suis épris.

Elle grandit, elle déferle,
Comme une flamme m’envahit,
Dans la mer je trouve des perles,
La ville devient un pays,

Un pays vert et immense,
Un pays vaste et chaleureux,
Et chaque fois que je pense,
Le chaos me rend plus heureux.

Le café est un sanctuaire
Et la rue est un temple ancien,
Le tumulte me libère
Et l’ivresse des sens survient,

Et tout me paraît plus vaste,
Plus vivant, plus grand et plus lourd,
Le rayon de l’aurore chaste
Me traverse et se change en jour,

La brise se change en tempête,
Une étoile devient la nuit,
Les vers emplissent ma tête,
Un chant de lyre me poursuit,

Et dans cette ville que j’aime,
J’erre comme dans un blanc bois,
Hirsute, heureux et blême,
J’entends, je contemple et je vois.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

jeudi 4 décembre 2025

Le vieux lion

 le vieux lion


Sous un figuier cassé, le lion se repose
Et dans ses yeux reluit une flamme rose :
Ce qui reste de sa force et de sa santé !
Jamais, pourtant, la mort n’avait épouvanté
Ce grand dormeur de la jungle, dont la crinière
S’effiloche et s’éteint comme une lumière ;
Jamais il n’avait craint, toujours il était craint,
Les mouches aujourd’hui, autour de son grand rein
Et de son grand mufle, incessamment bourdonnent ;
Avec leurs yeux rouges qui presque rayonnent,
Les hyènes, les vautours, marabouts et chacals,
Attendent sans férir que le moment fatal
Vienne, et qu’ils profitent de leur proie royale
Qui était terrifiante et jadis était mâle !

Et la vie continue, pourtant, et va toujours,
Les fleurs s’épanouissent et les arbres sont lourds,
Les singes voyagent, légers dans les lianes,
Tout vit, alors qu’hélas, tout le condamne !
Ses grandes pattes tremblent, et le doux vent en deuil
Berce ce symbole décadent de l’orgueil ;
Il ne peut plus rugir et n’a plus de force,
Son lionceau, qui était derrière une écorce,
Vient jouer avec lui, et ses yeux de père
S’allument tour à coup, emplis de lumière. 


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

vendredi 24 octobre 2025

L’attente de l’hiver

 l'attente de l'hiver

Comme un amour qu’on désire,
L’hiver dolent tarde à venir,
Et la vaste ville transpire,
Lasse de vivre et de courir.

C’est la saison où tout rêve,
Souffre, se lamente et attend,
Quelque chose aux cieux s’achève
Et s’évanouira en chantant

Dans la mémoire des hommes,
Maints êtres sont tristes et seuls
Dans les appartements blancs comme
L’effacement et les linceuls.

L’hiver ne vient point, pourtant, l’ombre
Obscurcit l’éphémère ciel,
La création est plus sombre
Et l’amour est plus éternel ;

La pluie, cette immense larme,
Ne descend pas de l’infini,
Et la nature s’alarme ;
Le soleil, pareil aux bannis,

Semble appesanti de chaînes,
S’éloigne, puis brille et revient,
Pour montrer la détresse humaine,
Les plaies et les rêves anciens.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

vendredi 10 octobre 2025

Parfum et mondes

 parfum et mondes

J’aime sentir ton parfum qui rêve
Et m’emporte sous de nouveaux azurs,
Ô toi dont le regard est doux et pur,
Éphémère comme une vie qui s’achève,

Douce comme la brise, profonde
Comme les bois, fière comme la mer,
Tableau vivant de tous mes êtres chers,
Femme, symbole, déité et monde !

Tu règnes sur mes sens et mon âme,
Tout en toi me fascine et tout m’éblouit,
Le soleil rayonne quand tu reluis,
Et quand tu me souris, mon cœur s’enflamme !

Je ne suis qu’une plaie de la terre,
Large, ouverte, au sang vaste et généreux,
Mes démons sont forts et ils sont nombreux
Et tu es mon remède et ma prière ;

Maintes fois, j’ai été las de vivre,
Maintes fois, je me suis senti mourir,
Et sur ton cœur j’ai cessé de souffrir,
Dormant comme un enfant ou un homme ivre,

Et souvent, j’ai volé sur tes ailes
Vers des pays que je ne connais pas,
À l’abri de la vie et du trépas,
Consolé par tes amours éternelles !


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 1 octobre 2025

Promenade sylvestre

 promenade sylvestre

J’aime errer dans ces bois fantastiques
Emplis de l’incommensurable nuit,
De lyres cassées, de monstres antiques,
Et où le soleil vaguement reluit.

J’entends les bois me narrer des histoires
Et les arbres me conter des récits,
Qu’écrit la nuit avec son encre noire
Et qui plaisent au cœur et l’esprit aussi.

J’oublie mes tourments et mes insomnies
Dans vos profondeurs éloignées du jour,
Je sens en moi la tristesse infinie
Qui revient comme un défunt amour.

Mon cœur adore vos solitudes
Où il trouve l’ombre et le réconfort,
Et si la vie avec ses habitudes
Était une mer, vous seriez le port,

Le port incommensurable, splendide,
Profond, hospitalier, vertigineux,
Où se reposent les vaisseaux livides
Des marins brisés, grâce à vous heureux.

Ô bois, que votre ombre infini m’absorbe
Comme une terre sèche absorbe l’eau,
Que je sois une fleur ou une herbe
Qu’emporteront la tempête et les flots !


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

dimanche 7 septembre 2025

Trois heures du matin

 trois heures du matin

C’est l’heure où mon cœur soudain s’éveille
À d’autres mystères et d’autres beautés,
Où la nature est sombre et vermeille
Et le silence peut être écouté.

Mon âme tremblante et insomniaque
Erre au-delà du royaume des morts,
Jusqu’à de sombres régions démoniaques
Qui n’ont point de rivages ni de ports.

Mes remords, aussi grands que des villes,
Me cachent le ciel et la création
Et j’entends, ô ténébreuse idylle !
Battre le cœur infini des nations.

Je vois mes morts passer comme des brises,
Disparus, tous, dans les nuages noirs,
Et ma lyre chante et vite s’épuise
Parce qu’elle court du matin au soir.

Quelque chose me broie le cœur et l’âme,
La Fatigue aux membres maigres et froids
Me brûle pourtant comme une flamme,
Le miroir me regarde avec effroi

Et me montre mes rides intérieures
Et mon cœur chenu et de battre las
Qui rêvait d’une existence meilleure
Et qui n’a que ce monde pâle, hélas !

Trois heures du matin, heure mystique
Où la nuit lutte contre le jour
Et où chantent les lyres antiques
Le poème du monde et de l’amour ;

Heure emplie de paix et de violence
Qui plaît au poète et plaît au voleur
Complices tous deux du grand silence,
Amoureux des ombres et des pâleurs.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

jeudi 21 août 2025

Séparation

 séparation

Le soleil est radieux
Quand le jour rayonne
Doucement dans tes yeux
Dont l’amour pardonne.

La nuit la plus pure
Qui apaise mon cœur
Est ta chevelure,
Cet abîme vainqueur.

Je compte les étoiles
De mes nuits sans toi,
Beauté sur le temps voile
Et le ciel de ton toit.

J’attends et j’espère ;
Je t’espère et j’attends,
Pour qu’un vent prospère
Me t’amène en chantant.

Mais la mer me sépare
De ton port qui reluit,
Tout loin de toi m’effare,
Le jour comme la nuit,

Et je t’attends, ma douce,
Pour que je sois sauvé
Du monde qui courrouce
Tout ce que j’ai rêvé,

Et ton souvenir pousse
Comme dans un jardin,
Dans mon âme, ma douce,
À l’abri des humains.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 30 juillet 2025

Distance

 Distance

Que l’amour est grand, que le souvenir est doux !
Devant la vaste mer qui comme moi pense,
Pareil au pêcheur qui attend sa récompense,
Je compte les flots bleus me séparant de vous.

Que l’amour est grand, que le souvenir est doux !

Devant l’horloge pendue qui expire au mur
Et pousse des râles sombres et monotones,
Sentant la caresse pâle de l’automne,
Je compte les heures et mon trépas est sûr.

Je compte les heures et mon trépas est sûr.

En contemplant le ciel de printemps et d’hiver
Dont la grandeur berce mon humble solitude,
Je compte avec ferveur, empli de mon étude,
Toutes les étoiles de l’immense univers.

En contemplant le ciel de printemps et d’hiver.

J’énumère, au fond des bois qui semblent infinis,
Les arbres, les ruisseaux, les soleils, les brises,
Seul avec mon cœur que le destin froisse et brise
Et que pourtant la Muse au front hagard bénit.

Seul avec mon cœur que le destin froisse et brise.

Le monde est effrayant et la nuit fait peur,
Loin de vous, mes démons soudain tous reviennent,
Loin de vous s’ouvrent toutes mes plaies anciennes
Et je suis habité par d’antiques terreurs.

Le monde est effrayant et la nuit fait peur.

Et je suis las du feu permanent, éternel,
Qui me dévore tout entier et me consume ;
Je suis un vieil autel qui au temple fume
Mais dont les parfums ne vont jamais jusqu’au ciel.

Je suis un vieil autel qui au temple fume.

Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène