vendredi 24 octobre 2025

L’attente de l’hiver

 l'attente de l'hiver

Comme un amour qu’on désire,
L’hiver dolent tarde à venir,
Et la vaste ville transpire,
Lasse de vivre et de courir.

C’est la saison où tout rêve,
Souffre, se lamente et attend,
Quelque chose aux cieux s’achève
Et s’évanouira en chantant

Dans la mémoire des hommes,
Maints êtres sont tristes et seuls
Dans les appartements blancs comme
L’effacement et les linceuls.

L’hiver ne vient point, pourtant, l’ombre
Obscurcit l’éphémère ciel,
La création est plus sombre
Et l’amour est plus éternel ;

La pluie, cette immense larme,
Ne descend pas de l’infini,
Et la nature s’alarme ;
Le soleil, pareil aux bannis,

Semble appesanti de chaînes,
S’éloigne, puis brille et revient,
Pour montrer la détresse humaine,
Les plaies et les rêves anciens.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

vendredi 10 octobre 2025

Parfum et mondes

 parfum et mondes

J’aime sentir ton parfum qui rêve
Et m’emporte sous de nouveaux azurs,
Ô toi dont le regard est doux et pur,
Éphémère comme une vie qui s’achève,

Douce comme la brise, profonde
Comme les bois, fière comme la mer,
Tableau vivant de tous mes êtres chers,
Femme, symbole, déité et monde !

Tu règnes sur mes sens et mon âme,
Tout en toi me fascine et tout m’éblouit,
Le soleil rayonne quand tu reluis,
Et quand tu me souris, mon cœur s’enflamme !

Je ne suis qu’une plaie de la terre,
Large, ouverte, au sang vaste et généreux,
Mes démons sont forts et ils sont nombreux
Et tu es mon remède et ma prière ;

Maintes fois, j’ai été las de vivre,
Maintes fois, je me suis senti mourir,
Et sur ton cœur j’ai cessé de souffrir,
Dormant comme un enfant ou un homme ivre,

Et souvent, j’ai volé sur tes ailes
Vers des pays que je ne connais pas,
À l’abri de la vie et du trépas,
Consolé par tes amours éternelles !


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 1 octobre 2025

Promenade sylvestre

 promenade sylvestre

J’aime errer dans ces bois fantastiques
Emplis de l’incommensurable nuit,
De lyres cassées, de monstres antiques,
Et où le soleil vaguement reluit.

J’entends les bois me narrer des histoires
Et les arbres me conter des récits,
Qu’écrit la nuit avec son encre noire
Et qui plaisent au cœur et l’esprit aussi.

J’oublie mes tourments et mes insomnies
Dans vos profondeurs éloignées du jour,
Je sens en moi la tristesse infinie
Qui revient comme un défunt amour.

Mon cœur adore vos solitudes
Où il trouve l’ombre et le réconfort,
Et si la vie avec ses habitudes
Était une mer, vous seriez le port,

Le port incommensurable, splendide,
Profond, hospitalier, vertigineux,
Où se reposent les vaisseaux livides
Des marins brisés, grâce à vous heureux.

Ô bois, que votre ombre infini m’absorbe
Comme une terre sèche absorbe l’eau,
Que je sois une fleur ou une herbe
Qu’emporteront la tempête et les flots !


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

dimanche 7 septembre 2025

Trois heures du matin

 trois heures du matin

C’est l’heure où mon cœur soudain s’éveille
À d’autres mystères et d’autres beautés,
Où la nature est sombre et vermeille
Et le silence peut être écouté.

Mon âme tremblante et insomniaque
Erre au-delà du royaume des morts,
Jusqu’à de sombres régions démoniaques
Qui n’ont point de rivages ni de ports.

Mes remords, aussi grands que des villes,
Me cachent le ciel et la création
Et j’entends, ô ténébreuse idylle !
Battre le cœur infini des nations.

Je vois mes morts passer comme des brises,
Disparus, tous, dans les nuages noirs,
Et ma lyre chante et vite s’épuise
Parce qu’elle court du matin au soir.

Quelque chose me broie le cœur et l’âme,
La Fatigue aux membres maigres et froids
Me brûle pourtant comme une flamme,
Le miroir me regarde avec effroi

Et me montre mes rides intérieures
Et mon cœur chenu et de battre las
Qui rêvait d’une existence meilleure
Et qui n’a que ce monde pâle, hélas !

Trois heures du matin, heure mystique
Où la nuit lutte contre le jour
Et où chantent les lyres antiques
Le poème du monde et de l’amour ;

Heure emplie de paix et de violence
Qui plaît au poète et plaît au voleur
Complices tous deux du grand silence,
Amoureux des ombres et des pâleurs.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

jeudi 21 août 2025

Séparation

 séparation

Le soleil est radieux
Quand le jour rayonne
Doucement dans tes yeux
Dont l’amour pardonne.

La nuit la plus pure
Qui apaise mon cœur
Est ta chevelure,
Cet abîme vainqueur.

Je compte les étoiles
De mes nuits sans toi,
Beauté sur le temps voile
Et le ciel de ton toit.

J’attends et j’espère ;
Je t’espère et j’attends,
Pour qu’un vent prospère
Me t’amène en chantant.

Mais la mer me sépare
De ton port qui reluit,
Tout loin de toi m’effare,
Le jour comme la nuit,

Et je t’attends, ma douce,
Pour que je sois sauvé
Du monde qui courrouce
Tout ce que j’ai rêvé,

Et ton souvenir pousse
Comme dans un jardin,
Dans mon âme, ma douce,
À l’abri des humains.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 30 juillet 2025

Distance

 Distance

Que l’amour est grand, que le souvenir est doux !
Devant la vaste mer qui comme moi pense,
Pareil au pêcheur qui attend sa récompense,
Je compte les flots bleus me séparant de vous.

Que l’amour est grand, que le souvenir est doux !

Devant l’horloge pendue qui expire au mur
Et pousse des râles sombres et monotones,
Sentant la caresse pâle de l’automne,
Je compte les heures et mon trépas est sûr.

Je compte les heures et mon trépas est sûr.

En contemplant le ciel de printemps et d’hiver
Dont la grandeur berce mon humble solitude,
Je compte avec ferveur, empli de mon étude,
Toutes les étoiles de l’immense univers.

En contemplant le ciel de printemps et d’hiver.

J’énumère, au fond des bois qui semblent infinis,
Les arbres, les ruisseaux, les soleils, les brises,
Seul avec mon cœur que le destin froisse et brise
Et que pourtant la Muse au front hagard bénit.

Seul avec mon cœur que le destin froisse et brise.

Le monde est effrayant et la nuit fait peur,
Loin de vous, mes démons soudain tous reviennent,
Loin de vous s’ouvrent toutes mes plaies anciennes
Et je suis habité par d’antiques terreurs.

Le monde est effrayant et la nuit fait peur.

Et je suis las du feu permanent, éternel,
Qui me dévore tout entier et me consume ;
Je suis un vieil autel qui au temple fume
Mais dont les parfums ne vont jamais jusqu’au ciel.

Je suis un vieil autel qui au temple fume.

Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

lundi 28 juillet 2025

Monologues

 MOnologues

Je dis à la brise qui passe :
« Si tu n’es pas encore lasse,
Va dire à celle au front vainqueur
Que je l’aime de tout mon cœur. »

Je murmure au soleil qui brille :
« Elle est ma seule famille,
Reluis donc plus fort, s’il te plaît,
Montre-moi sous quel ciel elle est. »

Je tutoie la mer qui gronde :
« Toi qui vas partout dans le monde
Ô mer qui connais tous les ports,
Je veux la voir avant la mort. »

J’appelle les forêts sombres :
« Est-elle cachée dans vos ombres ?
Rendez-moi mon unique amour
Et la souveraine de mes jours. »

J’apostrophe la ville blême :
« Sais-tu à quel point je l’aime ?
Où la caches-tu, sous quel toit ?
Elle a été ravie par toi. »

Je chuchote à la fleur qui s’ouvre :
« Son parfum, le seul qui m’enivre,
Est plus doux que tous tes parfums,
Et elle me berce sans fin. »

Je la réclame au nuage :
« L’as-tu vu passer, volage,
Auréolée de sa beauté
Et de son sourire indompté ? »

Je répète à la nature
Son nom doux qui me torture,
Mais elle ne me répond pas,
Et je suis ténébreux et las.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdene

dimanche 27 juillet 2025

Fors intérieurs

 fors intérieurs

J’entends mon sang couler dans mes veines
Avec la force d’un torrent nombreux,
Prêt à inonder les cités humaines
Qui dorment de leur sommeil ténébreux.

Mon cœur bat avec la même violence
Qu’une tempête immense qui s’abat,
Dans la nuit et dans le silence,
Sur la terre qui fuit le combat.

Je lis dans ma formidable mémoire
Comme dans un livre éternel, ouvert,
Empli de ratures, de lignes noires,
De chevelures, de parfums, de prés verts.

Un chant triste maintes fois s’élève
Dans mon esprit qui chérit les soleils,
Et moi, je le contemple et je rêve,
Enivré par les vapeurs du sommeil.

Tout entre en moi, la brise et l’orage,
Le printemps et l’hiver, la nuit, le jour,
La peur que réclame le vrai courage
Et la mort qu’exige le vrai amour ;

J’aime les énigmes et les contraires,
J’absorbe tout comme un chiffon maudit,
Et je cours comme un vent téméraire
Dans les grands palais et les verts taudis.

Qui suis-je ? Je suis le glaive et la lyre,
Je suis le berceau, je suis le tombeau,
Je suis le courroux et le sourire,
Le carrefour de l’horrible et du beau ;

Où vais-je ? Je vais au néant, peut-être,
Mais j’aime bien croire, ô mon cœur, qu’ailleurs,
Il reste pour moi, loin du monde traître,
Un peu de verdure et un peu de douceur.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

jeudi 24 juillet 2025

Hiérophanies

 hiérophanies


La nuit lourde voile l’autoroute bruyante,
Chacun, mort ou salut, va vers son seul destin,
Et l’homme fatigué des éternels matins
Aime cette sombre voix qui, le soir, chante.

L’arbre chenu lutte contre la jeune pierre,
Il est faible, mais il est debout, funéral
Et hanté par l’épouvantement minéral ;
C’est un beau vestige d’une ancienne lumière.

L’humble rond-point tourne sans cesse sur lui-même,
Serpent du caducée ou de Toutankhamon,
Symbole élevé comme un fantastique mont,
Qui est évanescent, pourtant, et qui est blême.

Les graffitis divers, amoureux ou obscènes,
Crient sur les murs jaunes et souillés en rêvant,
Comme tout ce qui est écrit ils sont vivants,
Expressions fauves des émotions humaines.

Les métros traversent le cœur de la ville,
Son vieux cœur pierreux qui bat opiniâtrement,
Barques de Charon mais qu’il conduit autrement
Dans les profondeurs des ténèbres subtiles.

Une fontaine est là que la mousse ronge,
Quelque eau y coule encore, elle pleure toujours,
Elle a des souvenirs, elle a vu des amours,
Et maintenant, dans la solitude elle songe.

Le béton dit quelque chose au cosmos immense,
Il veut interroger les constellations,
Les étoiles, les cieux, les astres, les nations,
Et j’entends souvent ce que le béton pense.

Tout cela se confond, rêve et se mélange,
Et j’aime contempler ces mouvants hasards
Qui attirent mon cœur et bercent mes regards,
Dans la ville éternelle et qui toujours change.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 23 juillet 2025

Lettre au Temps

lettre au temps

Temps, où est ma jeunesse
Et où sont tous mes amis ?
Où est le dard qui blesse
Mon vain cœur qui frémit ?

Où est mon insouciance ?
Où sont tous mes cheveux,
Mes illusions, mes stances,
Mes rires et mes vœux ?

Où est ma lyre ancienne ?
Mes vers sont vains, chétifs,
Pour qu’un mort y revienne
Avec ses chants plaintifs,

Couvert, dans la nuit noire
Cachant la création,
Du linceul sans gloire
Des mortelles nations !

Où sont mes vieilles joies,
Mes antiques soleils ?
Mon cœur cassé se noie ;
Ô mers de sang vermeil,

Ô adolescences
De l’âme et de l’esprit,
Ô vagues confidences
Des pesants manuscrits !

Aux poètes antiques,
Aux mages, aux rêveurs,
Je laisse les épiques
Aurores sans douleur,

Et moi, dans l’ombre,
Je prends un continent
Plus petit, plus sombre,
Emplis de revenants,

Où spectre magnifique,
Je règne sur les morts
Dans les forêts nordiques
Dont seul le brouillard sort.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène