Le Prophète et l'arbre

LE prophète et l'arbre Nous ne descendons que par l’ordre de Dieu. Le passé, le futur, le présent lui appartiennent. Il ne connaît point l’oubli.(Coran, 19, 64) Le Prophète était triste et tout couvert de sang, Et il se reposait, se sentant impuissant Face à ses ennemis et à la Mecque altière Qui répondait avec des coups à ses prières. Alors qu’il parlait à son peuple du seul Dieu Assis sur son Trône au-dessus des sept cieux, Qui voit ce que l’homme fait et sait ce qu’il pense, De ses châtiments et de ses récompenses, Du paradis radieux et du terrible enfer, Des tourments des damnés appesantis de fers, Des délices cachées par Dieu lui-même Derrière les portes, pour les purs qu’il aime, Du Jugement dernier, de la résurrection, De ce qui arriva aux anciennes nations Qui du Seigneur avaient mérité la colère, On l’insultait et on s’écriait : « Chimères ! Çà ! Tu n’es qu’un homme comme nous, Mahomet, Et à ta religion nous ne croirons jamais ! Allah aurait pu nous envoyer un ange ! Il n’y a qu’un dieu ? Voilà une chose étrange ! » Et on le qualifiait, sourds aux signes divins, De poète, de fou, de mage et de devin. On entendait certains l’appeler Prophète, Et après avoir ri, on tremblait de la défaite. On tenta la douceur et la persécution : En vain, cet homme était plus fort qu’une nation, Et c’était l’impiété, et non les blessures, Qui le rendait triste, et sa douleur était pure. Gabriel, envoyé par Dieu, vint consoler Dans sa déréliction, le Prophète esseulé. « Qu’as-tu ? » lui demanda Gabriel. « Regarde Ce qu’ils m’ont fait. » « Dis-moi, est-ce qu’il te tarde Repartit Gabriel, pour raffermir ton cœur, De voir un prodige qui te vient du Seigneur ? » « Oui ! » « Alors commande de venir à cet arbre Et il obéira, grâce à Dieu, à ton ordre. » L’arbre vint en marchant, ne pouvant qu’obéir. Gabriel dit : « Donne-lui l’ordre de partir. » L’arbre partit. « Plus rien, désormais, ne m’afflige ! S’écria le Prophète, et j’ai vu un prodige. » Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène