jeudi 7 janvier 2021

Chez le Négus (Al-Najashi)

Chez le négus (al-najashi)

Les croyants qui ont quitté leur patrie pour combattre sous l’étendard de la foi, et ceux qui ont donné à un asile et du secours au Prophète, sont les vrais fidèles. Ils jouiront de l’indulgence du Seigneur et des avantages glorieux du paradis. (Coran, 8, 74)

Amr ibn al-As, amer après la défaite
De la Tranchée, voulait tuer le Prophète.
Il dit à ses amis de Koreïch : « Mahomet
À cette religion nouvelle nous soumet !
Si cela continue, il sera notre maître.
Mais je sais comment ne point le lui permettre. »
Amr ibn al-As était un homme respecté
Dont les conseils étaient loués et écoutés,
Et on lui demanda : « Qu’est-ce que tu suggères ? »
« D’aller, répondit-il, rejoindre la terre
Du Négus, afin de gagner sa protection
Et pour faire partie de sa grande nation.
Si Mahomet obtient contre nous la victoire,
Nous serons alors à l’abri de sa gloire
Et il sera mieux pour nous d’être sous la main
Du Négus, que celle de Mahomet demain. »
Le conseil fut trouvé bon. « Le Négus aime,
Vous le savez, nos peaux tannées » dit le même.
On en réunit un nombre prodigieux.

Devant le Négus Amr, fort respectueux,
Se prosterne, et le roi lui dit : « Mon ami, entre. »
Et le roi est pareil à un lion dans son antre.
Il voit soudain un autre Amr, Amr ibn Oumaya,
Messager du Prophète au Négus : « Ah ! il y a,
Se dit-il, une belle occasion de vengeance ! »
Le Négus lui demande avec bienveillance :
« Que m’as-tu apporté ? » « Ce qui te fait plaisir,
Des peaux tannées, et il y en a à loisir. »
Le roi est fort content, et Amr en profite :
« Cet homme qui chez toi, ô roi, s’invite,
Dit-il au Négus, est un ennemi des miens.
Livre-le-moi, pour que je tue ce vaurien. »
Alors le roi se fâche, et avec violence
Assène à Amr un grand coup au nez : « Silence ! »
Crie-t-il. Amr tremble et a peur. « Excuse-moi,
Murmure-t-il, qu’est-ce qui t’a courroucé, roi ? »
Et le Négus s’écrie : « Malheureux ! Tu souhaites
Que je te livre le messager d’un prophète
À qui parle, comme Moïse, Gabriel ! »
Amr demande : « Est-ce vrai ? » « Oui ce l’est, par le ciel !
Repens-toi, donne-moi ta main, Amr, et jure
Que tu embrasseras cette religion pure. »
Amr en fait le serment, et en cachant sa foi
Pour aller voir le Prophète, il quitte le roi.
Dans son chemin il trouve un autre homme fort sage
Et connu à Koreïch pour son grand courage :
Khaled ibn al-Walid. Amr alors veut savoir
Où il va : « Embrasser l’islam. Dieu m’a fait voir
La vérité, répond Khaled. Il nous envoie
Mahomet, il faut qu’en sa religion je croie. »
« Moi aussi ! s’écrie Amr. J’en ai fait le serment. »
Et ils deviennent tous les deux musulmans.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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