dimanche 20 octobre 2019

Le ver injurieux

Le ver injurieux

Brave lecteur que la mort dérange,
Penses-tu parfois au ver qui ronge,
Envoyé par la Mort et le Destin,
Notre chair bleue, son horrible festin ?
Oui, moi aussi, cette image me navre,
Par tous les trous de notre cadavre
Il entre comme dans une maison
À la merci des vents et des saisons
Où les ivrognes chantent un chant profane.
Quand notre corps après la mort se fane
Comme une fleur éphémère en hiver,
Alors il vient sans bruit, ce hideux ver,
Sombre abeille qui dans la nuit butine,
Nous tue après la mort et nous mine !
L’épouse en pleurs et le veuf chagriné
Partis, il vient pour chercher son dîner ;
Connaissant les entrailles de la terre
Où comme un poète aveugle il erre,
Une fois rassasié, il va ailleurs
Chercher d’autres défunts, calme et railleur.

Sur terre, un autre ver, plus vorace,
Mange notre souvenir qu’il embarrasse,
Et il nous détruit dans un temps moins long,
Dans les brumes du portrait au salon
Et les ombres de notre garde-robe
Caché comme un spectre ou un microbe.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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