mardi 22 octobre 2019

Le diable inoccupé

LE diable inoccupé

Autrefois, l’homme était naïf et crédule
Et aussi candide qu’un petit animal,
Et le diable venait, dans le crépuscule,
Convaincre les mortels de faire un peu de mal.

Le vieux diable épuisait toute sa rhétorique
Et s’épuisait lui-même, à peindre avec ardeur
L’extase du péché qui rend euphorique
Et les joies du crime, comme un sombre vendeur

Décrit à ses chalands sa pâle marchandise,
Qui trouvent tout très beau et trouvent tout trop cher
Et s’en vont alors qu’il fait des nuées grises
Pleuvoir la métaphore avec un style amer.

Le mal était quelque chose de si rare
Que Dieu même en parlait, comme dans un journal,
Aux hommes qu’il menace et que sa voix effare
En leur rappelant leur mort et son verdict final.

Le diable souriait alors, et le crime
Reluisait dans son œil rouge comme un soleil.
De nos jours, toutefois, l’homme le supprime,
Sa paille à la bouche, il s’abandonne au sommeil

Et dort paisiblement. Mauvais et autonome,
L’homme n’a plus besoin de lui. Dans les champs verts,
Il contemple le ciel, tel un astronome,
Et se réveillera en chantant de mauvais vers.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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