jeudi 17 octobre 2019

La liqueur du bachelier

La liqueur du bachelier

Quand nous étions jeunes, rêveurs et un peu bêtes,
Nous nous enivrions, l’alcool étant trop cher,
D’une colle au parfum envoûtant et amer
Et qui nous montait vite au cœur et à la tête.

Elle rafistolait surtout des chaussures
Et soudait les morceaux de notre être confus,
C’était bien la drogue la moins chère qui fût,
Et notre ivresse était à la fois douce et sûre ;

Dans nos deux oreilles que berçait l’extase,
Le monde devenait un vaste bourdonnement,
Nos propres voix pouvaient nous emplir d’étonnement,
Une ombre sur le mur, une fleur dans un vase,

Tout, plus intéressant désormais et plus sombre,
Interpelle nos sens brusquement éveillés,
Et nos pauvres cerveaux, par les vapeurs pillés,
Sont des forteresses vides et pleines d’ombres,

D’ineffables rêves, de grotesques images !
Nous voyons les parfums et les formes des fleurs,
Nous sommes dans un monde étrange et sans douleur,
Devenus à la fois plus fous et plus sages,

Et nous lisons nos vieux cours de philosophie
Avec passion, même cet ennuyeux Pascal
Devient intelligible, et le Bien et le Mal
Dans notre mémoire font danser leurs graphies.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: