jeudi 9 mai 2019

La beauté arrogante

la beauté arrogante

Je suis belle, mortels, et je le sais !
Si vous saviez combien de fois, rustres,
Les fleurs s’épanouirent quand je passais
Pour rendre hommage à mes charmes illustres,

Et les oiseaux chantaient à mon passage !
Je rends plus pensive la Création,
Et je rends les hommes moins sages
Quand je remplis leurs cœurs de passion !

Quand je marche, j’écrase tous les cœurs
Comme on écraserait des branches sèches,
Et on frémit de mes grands pas vainqueurs
Comme on frémirait d’ardentes flèches,

Le vent est amoureux de ma chevelure,
Tous les yeux sont amoureux de mes yeux,
Le soleil est épris de mon allure
Et obéit à mon regard radieux !

Je règne sur l’obscure humanité
Qui d’être sa déesse m’implore ;
Tout doit obéir à ma vanité,
Et je donne des ordres à l’aurore ! 

Oh, tais-toi, malheureuse imbécile !
Le temps à ta beauté sera fatal !
Dans les imaginations fertiles
Jamais tu ne seras un idéal.

On te voit et on t’oublie, car tu es
De ces choses charmantes et nulles
Qu’on voit partout dans le monde muet
Et où il n’y a pas de crépuscule.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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