vendredi 14 décembre 2018

Minute de silence devant la Loire

minute DE silence devant la loire

Alors que le soleil se levait, ce fleuve
Qui de sa propre essence éternellement s’abreuve,
Reluisait vaillamment, mélancolique et veuf,
Pareil, sous le grand ciel d’hiver, à un sou neuf.

J’entendais le refrain de l’onde immobile,
Goutte d’un déluge qui a frappé la ville,
Et il me semblait que ce fleuve décrépit
Qui allait sans raison et courait sans répit,
Flambeau qui dans les vents cherche sa flamme,
Etait, en vérité, mon cœur et mon âme !
Dans ses ironiques et pâles profondeurs,
Mon être se dissout, frêle comme une odeur,
Chétif comme un malade et vain comme un nuage ;
Je fais un éternel et ennuyeux voyage,
Toujours ici, jamais ailleurs, dans les flots morts
Cherchant l’improbable dépouille du port,
Blessé sans savoir au juste ce qui m’afflige
Devant ce grand néant pris d’un vaste vertige,
Au bord de l’abîme debout seul, effrayé,
Et contemplant de loin mes beaux rêves noyés.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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