jeudi 10 mai 2018

Conte: Le forgeron Misère (Partie VII)

CONTE: LE FORGERON MISÈRE (PARTIE ViI) 




VII. Comment Misère piégea le diable derechef

Notre forgeron prit une barre de fer,
Sur des charbons aussi rouges que les enfers
La porta, la chauffa, empourpra sa pointe
Et alla au pommier en souriant sans crainte.
Les diables, en voyant cela, devinrent hagards
Et voulaient descendre, la terreur au regard,
Mais ils demeurèrent comme cloués aux branches.
« Alors, l’ami, tu veux prendre ta revanche ? »
Dit Misère en riant, et promptement alla
Armé de sa barre, piquant de-ci, piquant de-là,
Avec son fer rouge grillant forces fesses.
Les diables, eux, poussaient de grands cris de détresse,
S’évertuant à fuir, ne pouvant faire rien,
Et hurlaient comme beaux brûlés qu’ils étaient bien.
« Alors, que penses-tu de mes pommes ? sont-elles
Délicieuses, l’ami, bien pleines, bien belles ?
Dit Misère au diable tout en l’aiguillonnant,
Pas d’escabeau, cette fois, mais en vous bâillonnant
A ce pommier, j’ai bien réussi mon coup, non ? »
Et le diable criait : « Ah ! Misère, soit bon !
Grâce, l’ami, grâce ! » « Pour que je vous laisse
Toi et les tiens partir, il me faut ta promesse
Que tu me laisseras vivre encore dix ans
En me donnant de l’or comme jusqu’à présent. »
« Promis ! promis ! Laisse-nous partir, Misère ! »
« Descendez, vermines, vous et votre père.
Quittez cette maison, allez-vous-en d’ici
Ou vous allez puer derechef le roussi. »
Les diables sautèrent du pommier pêle-mêle,
Endoloris par leurs blessures jumelles,
Et s’en allèrent loin du forgeron, vaincus
La fureur au visage et la rougeur au cul.

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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