jeudi 12 avril 2018

Conte: Jean le Paresseux (Partie IV)


CONTE: JEAN LE PARESSEUX (PARTIE iv) 





IV. Les deux épreuves suivantes, et le dernier défi que Jean le Paresseux se proposa de relever

Le maître, mécontent, qui jure et qui gronde,
Mande avec empressement un tireur de fronde,
Fort habile, le plus habile du pays,
En le payant fort bien pour qu’il soit obéi.
Il jette sa pierre qui éborgne une étoile,
Et pendant ce temps-là Jean le Paresseux voile
Un pigeon dans sa fronde, et en lançant son coup,
Tous les yeux sont éblouis. Le maître, tel vieux loup,
Grogne et à l’apprenti il dit avec haine :
« Maintenant il faut tirer du sang d’un grand chêne ! »
Jean le Paresseux fait semblant de ramasser
Une pierre, et prend un œuf qui va se casser
Contre le chêne. On croit que le sang en coule
Et Jean est acclamé par une grande foule
Venue pour regarder et qu’éblouit le vainqueur.
Le Paresseux dit au maître d’un air moqueur :
« Maître, votre besogne est maintenant faite,
C’est aussi facile que faire la fête !
Mais je m’en vais, car j’ai pris un autre métier. »
Le maître le revoit après un mois entier,
Vêtu comme un prince, qui sourit et rayonne,
Et de le voir devenu aussi riche s’étonne
Et lui demande : « Quel métier maintenant fais-tu
Pour être tout à coup pompeusement vêtu ? »
« Je vends des choses sans valeur. » « Comment ? » « Je vole.
Votre cheval vaut, par exemple, cent pistoles
Mais je vous le volerai et le rendrai pour vingt. »
« C’est ce que nous verrons. Tu le tenteras en vain
Car dans mon écurie je ferai bonne garde
Et te tuerai comme un chien si tu t’y attardes. »
Et le maître s’en va à l’écurie guetter,
Et ne semble pas du vol prévu s’inquiéter,
Mais après deux jours sans sommeil, le vil maître,
Las comme tout humain qui ne dort point doit l’être,
S’endort. Jean lui vole son cheval, le lui vend
Pour vingt pistoles, et s’en va comme le vent.

[FIN DU CONTE : JEAN LE PARESSEUX]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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