vendredi 9 février 2018

Conte: Histoire d'un lion qui voulait se venger de l'homme (Partie III)

CONTE: HISTOIRE D'UN LION QUI VOULAIT SE VENGER DE L'HOMME (PARTIE IiI)


III. La deuxième rencontre que le lion fit dans la forêt

La majestueuse et puissante bête
Répond, sans avoir peur, au lion qui l’arrête :
« Non, lion, je ne suis pas l’homme, mais je le sers. »
« Comment ! s’écrie le lion, il t’accable de fers !
Est-il aussi puissant que toi et aussi brave ? »
« L’homme est mon maître et moi je suis son esclave,
Pour que je sois soumis et aussi moins ardent,
Avec un morceau de fer il brise mes dents ;
Pour que je ne sois pas à son confort rebelle,
Il ploie mon dos avec une lourde selle ;
Dans mes pieds fatigués il enfonce des clous
Pour que je sois aussi rapide que les loups.
Hélas, je ne suis point l’homme que tu cherches ! »
« Où puis-je le trouver ? » « Devant toi toujours marche
Et tu le trouveras, où il va te trouver !
Sauve-moi, alors, ou essaie de te sauver. »
Le lion rugit. Toute la nuit il voyage
Et rêve de combats et de grands ravages.
A l’aube, il aperçoit un être menaçant,
Brandissant deux cornes sur sa tête, passant
Tranquillement devant lui, sûr de sa force,
Sans trembler, pareil à la robuste écorce
Qui ne tressaille point de l’orage rampeur.
Pour la première fois de sa vie il a peur,
Songe d’abord à fuir, puis reprend courage,
A la grande bête qui lui fait ombrage
Demandant : « Serais-tu l’homme ? » « Ah ! Malheureux !
S’écrie la bête, quel nom sinistre et affreux
Viens-tu de prononcer ! Non, je ne suis pas l’homme,
Mais c’est ainsi que dans ce monde horrible on nomme
Celui qui est mon pire ennemi, et dont je suis
La propriété, que dans ses champs je suis
Pour les labourer, qui n’hésite pas à prendre
Le lait de mes enfants sans songer à les rendre,
Car ils deviennent aussi en grandissant son bien.
L’homme ! il est inhumain et croit que tout est sien !
En plus de ses fardeaux, en plus de ses sillons,
Ce barbare me pique avec un aiguillon,
Et quand je vieillis, il me tue et me mange
Et de mes cornes fait des jouets étranges
En se couvrant les pieds de ma bien chaude peau.
Tu cherches l’homme, ô lion ? C’est le sombre suppôt
Du diable ! Que dis-je ? c’est le diable lui-même !
Fuis-le, insensé ! » Et le lion devient blême.

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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