jeudi 13 juillet 2017

Conte: Listig et le géant (Partie VI)

CONTE: LISTIG ET LE GÉANT (PARTIE Vi)


VI. Comment Listig réussit à voler la harpe d’or du géant et à épouser la princesse

Listig, dans son cachot attendant le danger,
N’avait rien d’autre à faire hormis boire et manger.
Quelques semaines passent. Avec sa voix aigre
Le géant vient voir si son repas est moins maigre :
Dans la muraille il fait un trou, en commandant
A Listig de passer son doigt et en grondant.
Il comprend le motif de cette requête,
Et sachant le géant aussi fort que bête,
Lui donne à tâter un pauvre morceau de bois.
« Ah ! crie le stupide géant, hommelet, je vois
Que tu n’as pas forci ! Il faut encore attendre,
Car j’aime par-dessus tout la viande tendre. »
Deux semaines après, il revient de nouveau
Demandant à Listig : « Comment va notre veau ?
Je veux tâter ton doigt ». Listig cherche et ne trouve
Qu’une tige de chou. « Ah ! c’est bien ! cela prouve
Que ma femme t’a bien engraissé, petit nain ! »
Le lendemain il dit à sa femme : « L’humain
Est maintenant prêt à être mangé. Femme,
Va allumer le four, et disons notre flamme
A ce maudit voleur. J’invite nos amis
A ce copieux repas. », le repas qui frémit
Est amené à la cuisine, et la géante
Lui ordonne, trouvant la chose égayante :
 « Mets-toi sur la pelle du four ». Il obéit,
Mais chaque fois que dans la flamme qui reluit
La géante veut le mettre, roule par terre.
Il s’excuse : « Être cuit est pour moi un mystère,
Madame, pardonnez mon imbécillité. »
Naïve et touchée par sa fausse humilité,
Elle lui montre alors comment il faut se mettre,
Et Listig, devenu tout à coup le maître,
Lance la géante dans le brasier et court
Après avoir fermé la porte du grand four,
Pris les clefs du géant, ouvert la serrure
Et volé la harpe d’or aux mélodies pures.
Le géant rentre chez lui, et ne trouvant pas
Sa femme, il crie : « Je suis de ta paresse las !
Où es-tu donc, femme ? ». Trois fois il l’appelle
Et elle ne répond pas. Il trouve la pelle
Jetée au sol, ouvre le grand four et comprend
Ce que Listig a fait. Il s’élance en courant,
Courroucé, vers le lac, et voit sa nourriture
Jouant de sa harpe. La sotte créature
Veut plonger dans le lac mais ne sait pas nager.
Que faire ? le géant pour couper le trajet
Décide de boire le lac. Sa force est telle
Qu’elle produit une tempête mortelle
Qui ramène Listig inexorablement
Au rivage et vers la mort, misérablement.
Il se croit donc perdu. Mais le géant sauvage,
Qui a bu tout le lac, tombe sur le rivage :
Il est mort ! et Listig, avec tous ses trésors,
La lanterne, l’épée, la harpe et poules d’or,
Va au palais, devient l’époux de la princesse,
Aimé par ses sujets pour sa gentillesse,
Par la fille du roi aimé du même amour,
Heureux jusqu’à la fin de ses paisibles jours.

[FIN DU CONTE : LISTIG ET LE GÉANT]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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