Conte: Le Cheveu merveilleux (Partie I)

CONTE: le cheveu merveilleux (PARTIE I) I. Ce que le mystérieux enfant dont rêva Boris lui conseilla de faire pour vaincre sa misère Un pauvre et brave homme qui se nommait Boris Par la misère était tellement endolori Et nourrissait une famille si nombreuse Qu’il se posait souvent la question ténébreuse S’il n’eût pas été mieux de tuer ses enfants Avant qu’ils le fussent par le sort triomphant. Il les aimait, pourtant, et était un bon père. Une nuit Boris vit, nimbé de lumière, Un enfant qui lui dit avec un doux regard :  « Boris, ne soyez pas malheureux et hagard, Ne cédez point à la tentation criminelle Ou vos peines seront horribles, éternelles,  Ici et en enfer. Je viens vous secourir, Et aucun de vos fils chéris n’a à mourir. Toutefois, écoutez-moi bien : à l’aurore, A l’heure où le soleil semble dormir encore, Vous trouverez sous votre oreiller un mouchoir, Une écharpe brodée, ainsi qu’un beau miroir. Cachez tous ces présents à toute la terre Et même à vos enfants taisez-en le mystère. Allez à la forêt, suivez son doux ruisseau Jusqu’à sa source claire, et près d’un arbrisseau Vous verrez une très belle jeune fille. Dont les cheveux ont le parfum de la vanille Et sont aussi radieux que le radieux soleil. Elle vous posera mille questions ; pareil Aux monts et aux rochers, gardez le silence. Cette jeune fille semble sans défense,  Mais c’est une sorcière aux prodigieux pouvoirs : Si de la courtoisie vous faites le devoir, Elle fera de vous, cette beauté parfaite, Un délicieux poisson ou quelque autre bête Et se délectera de son sombre festin. Mais ce ne sera point, Boris, votre destin, Si vous obéissez muettement à la belle En peignant ses cheveux, sans être rebelle. Dans sa chevelure longue, à la couleur d’or, Vous trouverez un très charmant cheveu qui dort, Rouge comme le sang ; prenez-le et la fuite. Elle s’élancera à votre poursuite Avec agilité ; pour ne plus la revoir, Jetez-lui l’écharpe, le mouchoir, le miroir. Vendez enfin votre cheveu : il va plaire, Car il est fabuleux : soyez dur en affaire. » [A SUIVRE] Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène