jeudi 19 janvier 2017

La mort d’Élaine

la mort d'élaine

Homer Watson, The Death of Elaine (1877)

Élaine d’Astolat, blanche comme un nuage,
Dans ses mains un lys et une lettre d’adieu, 
Dans sa barque fleurie est conduite au rivage
Par son rameur auguste et comme Charon vieux.

De tout son cœur brûlé par de sombres flammes 
Elle aima Lancelot d’un amour orphelin,
Et ses soupirs finis, elle rendit l’âme
Esseulée et triste, les yeux de larmes pleins ;

Morte d’amour ! l’onde semble caressante
La nuit est consolante et le doux zéphyr plaît,
La lune, devenue une mère pressante,
L’appelle et lui montre son sein gonflé de lait !

Ses feux l’ont embrasée et l’ont rendue si frêle
Qu’une respiration suffirait pour mouvoir
Sa barque légère, colombe ou hirondelle
Dont l’onde est l’horizon, radieux bien qu’il soit noir !

Les roses parfument son nocturne voyage,
Brise, elle est venue d’un bois empli de printemps,
Ephémère, elle est songe et elle est mirage
Et ne demeurera pas ici-bas longtemps.

La contemplant avec ses yeux de père
Et ramant doucement jusqu’au ténébreux port,
En veillant sur cette beauté pâle et amère,
Le vieillard la conduit au pays de la mort.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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