mardi 11 septembre 2012

Les Noyés


Les Noyés


Une tragédie qui ne cesse de se renouveler: une embarcation chargée d’immigrés clandestins tunisiens a fait naufrage dans la nuit de jeudi à vendredi 7 septembre au large de l'île italienne de Lampedusa, selon l’AFP. Ces jeunes en quête de "l'éden romain" qui ne cessent de trouver la mort doivent nous alarmer...


Ô, cachés dans la mer sombre et profonde,
Vous dormez dans la couche des ondes
Pâles, oubliés, désespérés et seuls,
Enveloppés dans l’humide linceul
Des flots fatals, qui grondent et gémissent !
Comme des condamnés livrés au supplice,
Les marins qui passent entendent vos cris,
La mer vaste et farouche vous a pris
A vos douces mères, à vos mères jalouses,
A vos pères, à vos fils, à vos épouses !
Ô, pourquoi avoir bravé le trépas ?
A l’abîme vous conduisirent vos pas !
L’océan raille les espérances humaines ;
Vous rêviez des yeux d’une belle romaine,
De Rome vous voyiez reluire les trésors,
Et aujourd’hui, vous êtes roides et morts !
Vous voyiez les rivages de l’Italie,
Eden qui brille sans mélancolie,
Empli par les bruits des fleuves de miel ;
Bercés par les lyres des anges du ciel,
Vous vous endormiez dans les bras tendres
D’une nymphe blonde, qui semblait attendre
Que vous montassiez au blanc firmament
Pour vous embrasser éternellement !
Ulysses, vous songiez à vos Pénélopes,
Aux auréoles qui les enveloppent
Et à leurs sourires aimables et contents,
Vous oubliâtes la mort qui vous attend
Et qui guette incessamment les voiles !
Vous avez raillé les étoiles,
Les phares, les orages et les dangers,
Vous avez péri, blêmes et étrangers,
Sans atteindre l’invisible havre !
Les flots appesantis par vos cadavres,
Fétides et empourprés par votre sang,
Poussent des rugissements affreux et puissants,
Vos veuves, seules dans leurs demeures,
Se souviennent de vos promesses et pleurent,
Et à vos enfants, ces charmants petits,
Disent : « Vos pères sont vivants et sont partis
Et reviendront un jour de Venise,
Courbés par le fardeau des friandises
Et des jouets qu’ils vous offriront
Quand ils embrasseront vos joues et vos fronts ! »


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: