jeudi 13 septembre 2012

Le retour à Mecque

Le retour à Mecque


Mahomet, à la tête d’une armée nombreuse
Comme les étoiles d’une nuit ténébreuse
Aux ailes appesanties par d’illustres héros
Qui cachaient leurs épées dans leurs obscurs fourreaux,
Se dirigeait vers Mecque, sa terre natale,
A Dieu hostile et aux musulmans fatale.

Il y avait quatre jours, Abu Soufian alla
Voir Mahomet, vaincu et de guerroyer las.
Tremblant, il arriva à l’aube à Médine,
Ville que les rayons du Prophète illuminent ;
Il avait torturé et avait exilé
Maints musulmans, et il n’osa lui parler
Et dit à Omar : « Par Dieu ! Parle-lui, mon frère,
Car il t’aime comme un fils aimé de son père !
Dis-lui d’être clément et de nous pardonner ! »
Et Omar répondit, furieux et étonné :
« Va-t’en, impie, démon que la géhenne abhorre !
Tu oses venir ici, maudit, et tu m’implores
Ennemi de Dieu, en feignant de tressaillir,
D’être ton messager ! Je ne veux obéir
Qu’à Allah et à son dernier prophète !
Vous oubliez, viles tribus, ce que vous faites
Et ce que vous avez fait aux croyants bannis
De leurs terres et de leurs foyers, par vous honnis,
Combattus, torturés, conduits au supplice !
Va-t’en, cœur empli de haine et d’artifices !
Si Mahomet ne nous avait point ordonné
De ne pas faire la guerre, je t’aurais asséné
Mille coups, et s’il ne reste plus des épées sur Terre,
Je te combattrai et les tiens avec des pierres !
Retourne à ton foyer, rival de la foi,
Et ne reviens plus me voir une deuxième fois. »
Ali lui dit : « Ne me montre plus ton visage,
Et ne reviens plus me voir si tu es sage. »

Mahomet arriva enfin à Mecque, assis
Sur son chameau. Devant l’édifice obscurci
Par les fautes des hommes et leurs sombres carnages,
Avec ses disciples il fit le pèlerinage
En implorant Allah de ployer le péché.
Les infidèles dans leurs foyers s’étaient cachés
Et quelques-uns étaient vêtus de leurs armures ;
Toute résistance était une vaine désinvolture,
Et l’effroi gagna les cœurs des plus audacieux.
En marchant près de ces hameaux silencieux,
Pareils à des tombeaux, dans la ville déserte
Et où on sent l’odeur des dépouilles mortes,
Mahomet pleura, et à genoux il pria
Le dieu universel, puis doucement s’écria :
« Sortez, sortez tous de vos demeures étroites !
Je jure par les anges à ma gauche et à ma droite
Qui enregistrent toutes les actions des mortels
Et par Dieu qui créa la Terre et le ciel
Que je ne vous ferai aucun mal ! Vos demeures
Vous cachent à mes yeux qui vous voient et pleurent !
Sortez ! » Par leurs fautes comme par la houle courbés,
Tous les impies, pareils à l’Archange tombé,
De leurs foyers sortirent en baissant leurs têtes fières.
Il leur dit : « Que croyez-vous que je vais faire
De vous, qui êtes mon peuple et mes ennemis,
Après tout ce que vous m’avez fait ? Je gémis
De vos crimes que nulle loi ne tolère,
Vous m’avez exilé, et les cieux tremblèrent
De votre injustice ; vous avez massacré
Les musulmans, et vous les avez torturés,
Que ferai-je de vous ? » Les infidèles crièrent :
« Tu es un noble frère, fils d’un noble frère !
Tu nous pardonneras, car tu es généreux,
Et nous nous repentons de nos péchés affreux 
Et jurons de t’être fidèles et de te suivre ! »
Mahomet répondit : « Allez, vous êtes libres. »

Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: