La création de Pandore
Douce comme le
printemps, en insufflant une âme
A l’argile
qu’Héphaïstos lui-même pétrit.
Dès qu’elle
commença à vivre, elle sourit
Et elle rayonnait
comme le jour et l’aurore,
Les dieux éblouis
lui choisirent pour nom Pandore,
La sublime
Aphrodite lui donna la beauté,
Héra la jalousie
et la curiosité,
Hermès l’éloquence
et Athéna la sagesse ;
Bien qu’elle fût
femme, on eût dit qu’elle était déesse
Car les douze
frères divins et généreux
A cette créature
dont ils étaient amoureux
Firent maints
dons. Artémis lui apprit à sourire,
Apollon à chanter
et à manier la lyre,
Arès lui donna la
force, et Poséidon
La contemplant
comme s’il implorait son pardon,
Lui apprit à
calmer les ondes courroucées.
Elle était fragile
et comme la pensée
Presque
immatérielle. Les morsures de l’air
Qui amoureusement
caressait sa blanche chair
Quand il passait
près d’elle, la rendaient toute rose,
Quand elle
souriait, ses yeux disaient de douces choses,
La terre
verdissait, quand elle passait, sous ses pas.
Aphrodite dit à
son frère : « Le trépas,
L’horreur, le
châtiment et la noire vengeance,
C’est ce que tu
promets à cette mortelle engeance,
Mais cette femme
dont le sourire est si doux
Est de ta
bienveillance et non de ton courroux
Le présent que ta
main droite fait à cette race !
Quand on voit
cette femme, on rêve qu’on l’embrasse,
Je suis la déesse
des amoureux émois,
Mais cette femme
charmante serait pareille à moi
Si elle n’était
point une simple mortelle !
Les oiseaux qui
chantaient pour moi chantent pour elle,
Les rivières
disent son nom et les dieux sont éblouis
Par son front qui
comme le soleil reluit !
Quand elle marche,
elle fait tomber de la lumière
Et des morceaux
diaphanes de sa fange première,
Tout l’Olympe
admire ses seins à moitié nus
Et des dieux elle
parle le langage inconnu,
Elle foule les
nuées et les prairies vertes,
Du charme
incomparable de ses lèvres entrouvertes
Héphaïstos en
rêvant m’a maintes fois parlé.
Est-ce ainsi que
tu châties le feu volé ?
Aurais-tu oublié
quelle est la différence
Entre le châtiment
et la récompense,
De Prométhée le
nom sinistre et triomphant
Et les péchés des
hommes, en créant cette enfant ? »
Zeus dit à
Aphrodite : « N’imite point mon épouse
Et d’une mortelle
ne sois point jalouse,
Pandore que tu
décris, ma sœur, est un beau mal,
A l’humanité son
sourire sera fatal,
Car la vengeance a
de plus sûrs présages
Quand elle a des
mains blanches et un charmant visage.
La race de
Prométhée sera châtiée ; attends. »
Quand la belle
Pandore, devenue jeune, eut vingt ans
Zeus lui
dit : « Maintenant il est temps que tu descendes
Sur Terre, car les
mortels te souhaitent et t’attendent,
Ils t’aimeront,
mais tu n’en aimeras qu’un seul :
Épiméthée, qui
n’est point un blanc aïeul
Mais un beau jeune
homme, frère de Prométhée.
Tu seras obéie, tu
seras redoutée,
Va, ma
fille. » Héphaïstos, l’habile artisan,
D’une mystérieuse
boîte lui fit présent
Et lui
ordonna : « Tu la garderas fermée. »
Des poètes Pandore
devint la bien-aimée,
Elle fut chantée, elle fut adorée, les rois
Suppliaient ses
charmes bénis avec effroi
Comme s’ils
étaient ses sujets, et les reines
Furent jalouses de
cette beauté sereine
Qui n’avait qu’une
robe blanche et un noir fardeau
Et qu’elle portait
sans qu’il ne courbât son dos.
Épiméthée la vit,
tomba amoureux d’elle,
Elle consentit à
être son épouse fidèle.
Dix ans passèrent.
La boîte, présent des dieux,
Demeura fermée.
Mais les regards curieux
De Pandore, en
sondaient les ténèbres noires.
Elle se
disait : « Les dieux dont tout chante la gloire
M’offrirent cette
boîte, mais je ne puis l’ouvrir
Et comme une
dépouille, je dois la couvrir
Du linceul éternel
de mes regards sombres !
Qu’est-ce que les
dieux ont caché dans cette ombre ?
Y
ensevelissent-ils des joyaux ou de l’or ? »
Un jour, rongée
par la curiosité qui mord
Les esprits des
humains, elle ouvrit la boîte ;
Comme des spectres
sortent d’une tombe étroite,
Elle en vit,
chargés d’une effroyable mission,
Sortir le Vice, la
Tromperie, la Passion,
La Vieillesse chenue,
la pâle Famine,
La Folie qui
égare, la Maladie qui mine,
La Guerre qui
gronde et la Misère qui se tord.
Pandore terrifiée
s’écria : « J’ai eu tort
En désobéissant
aux dieux ! Je suis maudite !
Pardonne-moi,
Héphaïstos ! Pardonne-moi, Aphrodite !
Pardonnez-moi, ô,
dieux du ciel ! Voyez mes pleurs,
Entendez les
prières que vous dit ma douleur,
Ne châtiez pas
tous les hommes en châtiant ma faute ! »
Les dieux
entendirent, dans l’Olympe aux cimes hautes,
Les prières de
Pandore, et ils en furent émus.
Comme par la
colère Zeus, par la pitié mu,
De la boîte, avec
le Mal et la Souffrance,
Fit sortir la
douce lueur de l’Espérance.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
mercredi 15 août 2012
La création de Pandore
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