Le manant et le calife Harun

Le manant et le calife Harun  Le calife Harun, comme c’était son habitude Quand la nuit emplit le monde de solitude, De son palais sortit, en manant déguisé. Sans qu’ils se courbassent, ce roi aimait croiser Ses sujets, rire avec eux et leur faire l’aumône Assis par terre, au lieu d’être assis sur son trône. Cette nuit, il vit un pauvre sous un palmier Qui buvait du vin. A Harun, le premier Il dit : « Viens, buvons et oublions, pauvre homme. Ce vin est bon, il y en a pour deux que nous sommes » Et le calife Harun avec sa tête dit oui, Remercia le manant et alla vers lui. Le vin était vraiment bon. L’âme soulagée, Lorsque Harun en but une première gorgée Il dit au manant : « Par Dieu ! Ta boisson me plaît, C’est doux comme le miel et c’est blanc comme le lait. Sais-tu qui je suis, pauvre hère ? » « Non, je l’ignore » Répondit l’homme. « Tu ne le sais point encore Mais je suis soldat du Calife. Sa majesté M’aime bien, et maintes fois je suis resté Boire avec elle, comme avec toi, sous sa tente » « Ce vin te monte à la tête et te la tourmente » Dit le manant avec un sourire narquois. Le calife Harun, qui but une deuxième fois, Demanda une deuxième fois au pauvre hère :  « Sais-tu qui je suis ? » et en levant sa tête fière Poursuivit : « Sache que le calife Harun, c’est moi » « Tu as bu deux gorgées, tu ne boiras point trois Répondit l’ivrogne, ou tu vas me dire Que tu es Dieu, et que le monde est ton empire » Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène