lundi 2 juillet 2012

Le calife Harun et la nuée


Le calife Harun et la nuée


Le soir tombait lentement et Harun contemplait
Le ciel pâle, assis au balcon de son palais
Et buvant du vin, car c’était son habitude
De chercher en rêvant un peu de solitude
Lorsque le jour rendait ses derniers soupirs.
Les yeux à demi clos, il semblait s’assoupir
Et songeait, caressé par la douce brise.

Soudain une nuée étrangement grise
Passa, et le calife lui dit en souriant :
« Porte où tu veux ta pluie, nuée. Erre en charriant
Ta foudre féconde, tu mouilleras mon royaume !
Dieu règne sur le monde et je règne sur les hommes
Et ici-bas tout est enchaîné à mes fers.
J’ai plus de femmes que les sables du désert
Dans mon harem. L’Egypte, la Syrie, l’Arménie,
M’obéissent, courbées par ma main infinie,
Mille peuples barbares gravent mon nom sur les rocs,
Bientôt je vais ployer l’Espagne et le Maroc,
Dans l’un de mes palais j’enfermerai l’aurore !
Charlemagne me craint comme Nicéphore,
Amin et Mâamoun, qui sont mes deux fils chéris,
A l’est et à l’ouest commandent, aguerris,
En mon nom des peuples fiers et innombrables,
Ils sont de mon empire les ailes vénérables
Et j’en suis la tête qui pense et le cœur qui bat,
Avant de dire : « père » ils apprirent le combat,
Héraclée et Tyane m’obéissent, et la Chine
Obéira bientôt à mes lois divines.
Ça, rapide nuée ! Pleus où tu veux pleuvoir 
Dans mon royaume je verrai tes pleurs choir ! »

La nuée répondit, pleine de courage :
« Tout t’appartient, Harun, hormis les nuages » 



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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