vendredi 22 juin 2012

Après la Révolution


Après la Révolution


Comme le flambeau éteint est souillé par ses cendres
Après avoir empli l’ombre de ses lueurs,
La radieuse Tunisie est devenue sombre
Quand la Révolution au sourire railleur

A relui un instant, aurore volage,
Dans nos cieux obscurcis par la nuit et le deuil,
Nous montrant la mer et nous cachant le rivage,
En rayonnant pour que nous voyions les écueils !

Ô, la Patrie erre, comme la voile d’Ulysse,
Sans vaillant capitaine et sans preux matelots,
Elle gémit et la houle est son supplice,
Perdue éternellement dans les ombres et les flots !

Ben Ali a fui. Mais, idée ténébreuse,
Il hante nos esprits. Vautour plein de courroux
Qui en s’envolant dans les nuées orageuses
De ses ailes fait tomber des plumes noires sur nous !

La Troïka, hydre à trois têtes, comme l’hydre de Lerne
Bête affreuse, dévore le peuple pâle et muet
Et qui de gouverner prie ceux qui gouvernent
Et obéit à ses bourreaux, squelette ployé

Par l’éternel fardeau de sa sombre misère !
Les mères éplorées de nos héros qui sont morts
En défiant d’un tyran les lois austères
Pleurent toujours, et le sang empourpre les corps

De nos blessés dont les balafres héroïques
Saignent encore, pourries, aux sinistres relents,
Tandis que nos maîtres, comme les statues stoïques,
Contemplent leurs sujets, le regard nonchalant,

Et leur disent : « Mères, veuves, soyez patientes !
Chômeurs, vous chômez car vous êtes fainéants !
Pour que vos prières jusqu’au Seigneur montent
Combattez comme nous les traîtres et les mécréants ! »

Sept novembre, quatorze janvier, vingt-trois octobre,
Qui peut savoir ce que demain cache aux mortels ?
Chiffres que le Destin ajoute au fatal nombre
Quand, savant et pensif, il calcule l’Eternel !

Mais notre destinée, c’est ce que nous sommes !
Enfants immortels de l’immortelle Nation,
Ce nombre monstrueux est la tragique somme
De nos désirs, de nos paroles, de nos actions !

Allumons nos flambeaux pour qu’ils deviennent aurore ;
Attendre est inutile, se lamenter est vain !
Essuyons les larmes de la Patrie qui pleure
Et penchés sur l’abîme, tendons-lui notre main !

Aigles, portons le foudre dans nos griffes acérées,
Remuons nos ailes pour le faire flamber,
Et au nom de notre Tunisie adorée
Que sur ses ennemis nous le fassions tomber !



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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