mercredi 16 mai 2012

Souvenir de la Révolution


Souvenir de la Révolution


Aucun Tunisien n'a oublié ces moments périlleux et épiques où le peuple se transforma en armée protégeant nos quartiers des snipers de Ben Ali, quelques heures après la fuite du dictateur. Les fameux "Comités de quartier", avec des massues et des pierres, bravèrent sans peur des hommes armés et dangereux. Il fut un temps où tous les Tunisiens étaient unis pour protéger la Patrie! Mais dès que Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahda, débarqua chez nous, on commença à parler d'impies, d'islamophobes et de francs-maçons. Tout le monde devint l'ennemi de tout le monde. Triste Tunisie "post-révolutionnaire"! 


Quand Ben Ali, ombre qui s’en va dans la nuit,
Des héros courroucés fuit la colère,
Et dans un palais, loin du soleil qui reluit,
Se cacha, tremblant de la foudre populaire,

Tout le peuple étonné et devenu guerrier,
Pour combattre sans peur ses lâches mercenaires,
S’arma soudain de pierres et brandit, altier,
Sa massue d’Hercule ; le feu révolutionnaire

Emplit tous les yeux et emplit tous les cœurs,
Ces flambeaux vivants que l’Oppression allume,
De sa flamme vengeresse, de sa farouche lueur
Qui aveugle ses ennemis et les consume !

Nous transformâmes nos quartiers silencieux
Quand la nuit tomba, en bruyantes forteresses,
Eclairés par la lune qui éclaire les cieux,
Soldats, jusqu’au matin nous veillions sans paresse,

Guerriers antiques autour du même feu réunis,
Nous montrions avec fierté nos blanches armures
A la beauté qui passe, nous voit et nous bénit
En nous souriant, comme l’aurore pure !

Comme Hector, dans l’ombre nous laissâmes maintes fois
Nos épouses seules et nos mères inquiètes,
Et dans les rues bercés doucement et sans émois
Par le bruit des balles qui sifflent sur nos têtes,

Nous nous préparions à la guerre, sœur de la Mort,
Invincible armée de combattre jamais lasse,
Jeunes impétueux, frêles enfants et braves vieillards
Qui montrent leurs cannes aux voitures qui passent !

Soudain vint Ghannouchi, ennemi de la Nation
Revenu de son doux exil à la patrie.
La haine emplit soudain les cœurs, sans compassion !
Et chacun dit à son voisin : « Va-t’en, impie !

Sur ta tête coupable la foudre tombera ! »
Même dans les familles, la Division sombre,
En courrouçant les poings et en crispant les bras,
Dans les foyers joyeux répandit son ombre !

De toutes parts l’on vit des orateurs convulsifs,
Le cœur plein de ténèbres et l’œil plein de flamme,
Comme la voile maudit le dangereux récif,
Maudire la liberté et maudire la femme !

Et l’aurore radieuse de la Révolution
S’en alla, légère comme l’oiseau volage,
Dans le crépuscule des obscures élections
Cherchant un havre loin de notre rivage

Que le Fanatisme aux ailes noires obscurcit,
Corbeau qui rugit dans la sombre atmosphère,
Raillant l’hirondelle blanche qui chante le récit
Oublié, de notre victoire éphémère ! 



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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