Marzouki et le palais hanté
Toute
Révolution apporte son lot de légendes. Quelques jours avant la fuite de Ben
Ali, des rumeurs ont circulé selon lesquelles le palais présidentiel de
Carthage serait "hanté". Moncef Marzouki lui-même (actuel président
provisoire de la République tunisienne) affirme qu'il l'est bel et bien (lire,
par exemple, cet article). Le poème que vous allez lire s'inspire de ce
pieux mythe.
Marzouki, dans ton
manoir hanté
Entends-tu gémir
les victimes ?
Frémis-tu souvent,
épouvanté
Par ce cri qui
sort de l’abîme ?
Dans cette vaste
chambre où tu t’endors
En oubliant nos
martyrs blêmes,
Quand la nuit
vient, sombre comme le sort,
Vois-tu errer les
noirs fantômes ?
Leurs nobles
plaies sont souillées du sang
Qui coula pour
l’éternelle Patrie,
Ils rugissent,
ténébreux et puissants,
Et te disent,
quand dans l’ombre ils crient :
"Roi, tu
règnes car nous sommes morts !
Pour te reposer
sur ton trône,
Tu gravis
l’escalier de nos corps
Et nous posâmes la
couronne
Sur ta tête
chauve, ô, roi des rois !
Tu revins de ton
exil sombre
Grâce à nous, fier
et sans effroi !
Héros, nous
bravâmes les ombres
De la dictature et
du pouvoir,
Et aujourd’hui, tu
nous oublies
Et tu vois ton
sceptre sans nous voir,
Pleins de
courroux, de mélancolie !"
Entends-les,
Marzouki ! Spectres hagards,
Tu les maudis et
ils te maudissent,
Tu n’oses point
regarder leurs regards
Qui te rappellent
tes artifices !
Tu les maudis, non
sans frémir,
Car dans ta royale
et noire couche
Ils t’empêchent
souvent de dormir
Avec leurs
rugissements farouches,
Et ils te
maudissent car tu souris
Sans remords, à
leurs bourreaux infâmes,
Président du
pouvoir épris
Comme un poète
d’une femme
Et comme un
amoureux d’un baiser
Rêveur et doux,
mais éphémère,
Qu’une amante lui
donne pour l’embraser
Avec ses lèvres de
Chimère !
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
jeudi 10 mai 2012
Marzouki et le palais hanté
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