Le monologue de Don Juan

Le monologue de Don Juan "De Cupidon je suis le fils et le rival ! Armé de ses traits à tant de héros fatals, J’ai fait gémir toutes les beautés d’Espagne, Comme un roi sur les cœurs amoureux je règne Et voulant les châtier, le dieu de l’univers A créé les femmes pour qu’elles chantent mes fers ! Elles sont mes proies et pour les séduire Je n’ai besoin que d’un poème et d’un sourire, Comme le soleil emplit de ses rayons le jour, Quand je passe j’emplis tous les cœurs de mon amour Et j’éblouis les yeux des mortelles éprises Qui attendent, dans leurs balcons, que la brise Leur emporte mes vers sur les ailes du soir ! Mais en vain elles espèrent les entendre et me voir, Mon amour est puissant et il est éphémère, Tant de dames, tant de filles, tant de veuves, tant de mères, Esseulées, pleurent dans l’ombre et espèrent mon retour Mais moi, je les embrasse et je fuis, et je cours Volage papillon épris de toutes les roses ! Ces déesses m’ont dit, dans l’ombre, de douces choses ! Amants cachés loin des yeux du monde jaloux, Nous nous sommes aimés sans peur et sans courroux Sans songer à demain et à ses mystères ! Elles m’ont parlé des voiles salutaires Qui nous emporteront, la nuit, tous les deux Epris, à un rivage inconnu et radieux Où un soleil béni et éternel brille, De leurs  feux, de leurs fers et de leurs familles, Et souvent elles ont attendu, le matin, Rêveuses, que je vienne les enlever soudain En bravant des périls et des armées pour elles, Alors que moi, oiseau, dans l’azur je m’envole Tandis qu’elles disent le nom de Dieu en m’implorant, En chantant, dans d’autres cieux, un chant différent !" Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène