Ben Ali aux enfers
Ce poème
épique s'inspire de la Divine Comédie de Dante. En cliquant sur l'icône « Play »,
vous pourrez le lire en écoutant la Chevauchée des Walkyries de Wagner. Bonne
écoute et bonne lecture!
Il errait dans les ténèbres sombres,
Environné de nuit et d’ombres
Et de loin il voyait rayonner
Les feux de l’enfer, étonné,
De ce grand soleil terrible
Qui reluisait, impassible,
Dans les infernales
profondeurs !
Des chaires coupables l’odeur
Se répandait dans la géhenne,
Les langues pleines de haine
Souillées de blessures et de sang,
En blasphémant le Tout-Puissant,
Se coupaient en deux, et les bouches
Ne pouvaient crier, farouches,
Muettes à cause du châtiment !
Las, il s’avançait lentement,
Terrifié par les supplices
Des ces âmes devenues immondices
Et de ces corps devenus déchets.
Sur le précipice penché,
Il entendait, dans l’abîme,
Les âmes hurler leurs crimes
Et tremblait comme l’enfant frileux
Tremble, quand l’hiver est houleux,
Et quand le vent souffle et gronde.
Soudain, une voix profonde,
Terrible comme les flots d’une mer
Que l’orage caresse, amer,
Retentit, inhumaine, obscure,
Dans les nuées. "Viens, âme
impure !"
Ordonna-t-elle. Comme une lueur,
Un archange exterminateur
Apparut. Et sa victime
Le suivit, presque sublime,
Muette dans la sombre nuit,
Foulant les gouffres que tout
fuit ;
Les monstres, les hommes et les
fauves,
Et qui font frémir les plus
braves !
Comme dans un rêve, Ben Ali vit,
Par cet ange en colère suivi,
Des hommes et des femmes, qui
portent
Le dos courbé, la bouche ouverte,
Des fardeaux de feu en hurlant,
Sans faire choir ces faix brûlants,
Qui leur enflammaient les veines.
Malgré leurs lamentations vaines,
Le supplice ne cessait pas
Et les suppliciés étaient las.
"Que sont ces mets que le feu
mange ?"
Dit Ben Ali tremblant. L’Archange,
Répondit : « Les
Menteurs. Si Dieu
M’en donne l’ordre, ces doux lieux
Seront ta demeure éternelle ;
Sinon, des demeures plus cruelles,
T’accueilleront, infâme tyran. »
Dans le ciel, pareille au torrent,
Retentit la voix divine ;
Tout devient muet et s’incline
Devant la voix du dieu puissant.
Ils entendirent ce
mot : "Descends !"
Ils virent des hommes et des femmes
Que des dagues, par les vastes
flammes
Empourprées éternellement,
Au milieu de leurs hurlements,
Transperçaient, sans qu’ils en
mourussent.
De leurs chairs fumantes le supplice
Se nourrissait, maudit, gourmand.
"Qui sont ces funestes amants
De la flamme qui les dévore ?
Qui sont ces maudits qui implorent
Le doux pardon ?" Dit Ben
Ali.
"Les Tueurs" dit l’ange.
Il pâlit.
Soudain gronda la voix suprême
"Descends !" Ben
Ali devint blême.
Il vit des hommes sombres,
malheureux,
Enchainés à des trônes de feu.
Des scorpions, hauts comme des
montagnes,
Dévoraient leur chair qui saigne,
L’air était empli de leurs cris.
"Qui sont ces hommes des
flammes épris ?"
"Les Tyrans" Répondit
l’ange.
De Celui qui jamais ne change
La voix courroucée retentit :
"Descends !" Et Ben
Ali sentit
Flambeaux que la colère enflamme,
Des damnés couraient, ahuris,
Cherchant à fuir. Leurs fronts
meurtris
Disaient leur douleur farouche,
Des serpents sortaient de leurs
bouches
Et leurs entrailles, comme des
fruits mûrs,
Tombaient dans des ruisseaux impurs
De lave ardente et fétide.
"Qui sont ces hommes dont le
feu vide
La chair de ses
entrailles ?" Dit-il.
"Les Fourbes" Dit l’ange
subtil.
Ben Ali devint plus sombre ;
"Descends !" Hurla
soudain l’ombre.
Un monstre infâme, criant d’effroi,
Etait enchainé à une croix.
Charogne vivante et putride,
Des lances, de son sang humides,
Transperçaient son front et son
cœur,
Et de son corps la sueur
Devenait flamme. Des créatures,
Harpies, Sphinx et bêtes impures,
Lui dévoraient le sein sanglant.
"Ah ! Dit Ben Ali
en tremblant,
Qui est ce monstre qui
inspire
La peur à tout ce qui respire,
Objet de tant d’inimitiés,
N’inspirant que de la
pitié ?"
"Ce monstre enchaîné, c’est le
Diable"
Répondit l’ange. Effroyable,
La voix du précipice parla.
"Descends !"
dit-elle. Et l’ange trembla.
Ils virent des hommes dans des
gouffres
Plongés, dans le feu et le soufre.
Vivants, avec des cordes de fer,
Des anges leur enlevaient la chair
Et jetaient cette pourriture,
Des lions infâme nourriture !
Puis, pour faire durer leur
tourment,
Leur arrachaient les os fumants
Et les jetaient aux Cerbères.
Morts, ils étaient éphémères,
Et ils revivaient pour souffrir.
« Ah ! Que vois-je !
Je vois périr
Ces suppliciés, et revivre,
D’un châtiment horrible ivres !
Ô, Dieu, j’implore votre
pardon !
Ne me privez pas de ce don
Que vous faites aux plus misérables,
Aux innocents, aux coupables !
Il priait ainsi Dieu, courbé,
Et l’ange, sur ses pieds tombé,
Priait avec lui le Maître
Des destinées. "Ce sont les
Traîtres"
Dit l’ange en priant. "Dieu
clément,
Pardonnez-lui ! L’aveuglement
Des humains est
invincible !"
"Descends !" dit la
voix terrible.
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
mardi 24 avril 2012
Ben Ali aux enfers
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