mardi 24 avril 2012

Ben Ali aux enfers


Ben Ali aux enfers


 Ce poème épique s'inspire de la Divine Comédie de Dante. En cliquant sur l'icône « Play », vous pourrez le lire en écoutant la Chevauchée des Walkyries de Wagner. Bonne écoute et bonne lecture! 

Il errait dans les ténèbres sombres,
Environné de nuit et d’ombres
Et de loin il voyait rayonner
Les feux de l’enfer, étonné,
De ce grand soleil terrible
Qui reluisait, impassible,
Dans les infernales profondeurs !
Des chaires coupables l’odeur
Se répandait dans la géhenne,
Les langues pleines de haine
Souillées de blessures et de sang,
En blasphémant le Tout-Puissant,
Se coupaient en deux, et les bouches
Ne pouvaient crier, farouches,
Muettes à cause du châtiment !


Las, il s’avançait lentement,
Terrifié par les supplices
Des ces âmes devenues immondices
Et de ces corps devenus déchets.
Sur le précipice penché,
Il entendait, dans l’abîme,
Les âmes hurler leurs crimes
Et tremblait comme l’enfant frileux
Tremble, quand l’hiver est houleux,
Et quand le vent souffle et gronde.


Soudain, une voix profonde,
Terrible comme les flots d’une mer
Que l’orage caresse, amer,
Retentit, inhumaine, obscure,
Dans les nuées. "Viens, âme impure !"
Ordonna-t-elle. Comme une lueur,
Un archange exterminateur
Apparut. Et sa victime
Le suivit, presque sublime,
Muette dans la sombre nuit,
Foulant les gouffres que tout fuit ;
Les monstres, les hommes et les fauves,
Et qui font frémir les plus braves !


Comme dans un rêve, Ben Ali vit,
Par cet ange en colère suivi,
Des hommes et des femmes, qui portent
Le dos courbé, la bouche ouverte,
Des fardeaux de feu en hurlant,
Sans faire choir ces faix brûlants,
Qui leur enflammaient les veines.
Malgré leurs lamentations vaines,
Le supplice ne cessait pas
Et les suppliciés étaient las.
"Que sont ces mets que le feu mange ?"
Dit Ben Ali tremblant. L’Archange,
Répondit : « Les Menteurs. Si Dieu
M’en donne l’ordre, ces doux lieux
Seront ta demeure éternelle ;
Sinon, des demeures plus cruelles,
T’accueilleront, infâme tyran. »
Dans le ciel, pareille au torrent,
Retentit la voix divine ;
Tout devient muet et s’incline
Devant la voix du dieu puissant.
Ils entendirent ce mot : "Descends !"


Ils virent des hommes et des femmes
Que des dagues, par les vastes flammes
Empourprées éternellement,
Au milieu de leurs hurlements,
Transperçaient, sans qu’ils en mourussent.
De leurs chairs fumantes le supplice
Se nourrissait, maudit, gourmand.
"Qui sont ces funestes amants
De la flamme qui les dévore ?
Qui sont ces maudits qui implorent
Le doux pardon ?" Dit Ben Ali.
"Les Tueurs" dit l’ange. Il pâlit.
Soudain gronda la voix suprême
"Descends !" Ben Ali devint blême.


Il vit des hommes sombres, malheureux,
Enchainés à des trônes de feu.
Des scorpions, hauts comme des montagnes,
Dévoraient leur chair qui saigne,
L’air était empli de leurs cris.
"Qui sont ces hommes des flammes épris ?"
"Les Tyrans" Répondit l’ange.
De Celui qui jamais ne change
La voix courroucée retentit :
"Descends !" Et Ben Ali sentit
La terreur envahir son âme.



Flambeaux que la colère enflamme,
Des damnés couraient, ahuris,
Cherchant à fuir. Leurs fronts meurtris
Disaient leur douleur farouche,
Des serpents sortaient de leurs bouches
Et leurs entrailles, comme des fruits mûrs,
Tombaient dans des ruisseaux impurs
De lave ardente et fétide.
"Qui sont ces hommes dont le feu vide
La chair de ses entrailles ?" Dit-il.
"Les Fourbes" Dit l’ange subtil.
Ben Ali devint plus sombre ;
"Descends !" Hurla soudain l’ombre.


Un monstre infâme, criant d’effroi,
Etait enchainé à une croix.
Charogne vivante et putride,
Des lances, de son sang humides,
Transperçaient son front et son cœur,
Et de son corps la sueur
Devenait flamme. Des créatures,
Harpies, Sphinx et bêtes impures,
Lui dévoraient le sein sanglant.
"Ah ! Dit Ben Ali en tremblant,
Qui est ce monstre qui inspire
La peur à tout ce qui respire,
Objet de tant d’inimitiés,
N’inspirant que de la pitié ?"
"Ce monstre enchaîné, c’est le Diable"
Répondit l’ange. Effroyable,
La voix du précipice parla.
"Descends !" dit-elle. Et l’ange trembla.


Ils virent des hommes dans des gouffres
Plongés, dans le feu et le soufre.
Vivants, avec des cordes de fer,
Des anges leur enlevaient la chair
Et jetaient cette pourriture,
Des lions infâme nourriture !
Puis, pour faire durer leur tourment,
Leur arrachaient les os fumants
Et les jetaient aux Cerbères.
Morts, ils étaient éphémères,
Et ils revivaient pour souffrir.
« Ah ! Que vois-je ! Je vois périr
Ces suppliciés, et revivre,
D’un châtiment horrible ivres !
Ô, Dieu, j’implore votre pardon !
Ne me privez pas de ce don
Que vous faites aux plus misérables,
Aux innocents, aux coupables !
Il priait ainsi Dieu, courbé,
Et l’ange, sur ses pieds tombé,
Priait avec lui le Maître
Des destinées. "Ce sont les Traîtres"
Dit l’ange en priant. "Dieu clément,
Pardonnez-lui ! L’aveuglement
Des humains est invincible !"

 "Descends !" dit la voix terrible.

Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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