samedi 12 mai 2018

Conte: Le forgeron Misère (Partie IX)

CONTE: LE FORGERON MISÈRE (PARTIE ix) 




IX. Comment Misère parvint à chasser le diable et sa cohorte pour de bon

Misère, connaissant l’orgueil du diable,
Lui dit : « Dieu a raillé tes pouvoirs redoutables
Quand de sa présence, un soir, il m’a honoré,
Et il t’a qualifié de menteur peu madré
En m’assurant qu’il t’a mis maintes fois en fuite
Et qu’ils peuvent, lui et les gens de sa suite,
Se faire si petits qu’ils pourront se tenir
Ensemble dans une bourse sans en souffrir. »
Le diable ricana : « Peuh ! la belle affaire ! 
C’est un tour d’amateur, tout à fait ordinaire. »
« Je pense que tu n’es, mon ami, qu’un vantard.
Quitte à prendre tous les deux un peu de retard,
Je parie haut et fort que dans cette bourse
Tu n’auras pas assez de magiques ressources
Pour te tenir, et que Dieu dit la vérité. »
Le diable et ses enfants, de l’entendre irrités,
Se réduisent en fumées et dans la bourse entrent.
Misère l’entendit crier dans son antre :
« Alors, que penses-tu de cela ? Dieu te ment ! »
Misère, sans répondre au diable, lentement
Serre bien les cordons de la bourse, et la porte
Sur son enclume, la frappant de telle sorte
Que les diables se mettent à gémir et crier :
« Ah ! tu nous écrases ! Lâche-nous, roturier ! 
Grâce ! grâce ! lâche-nous ! » Mais Misère frappe
Et leur dit : « Vermines, rien au marteau n’échappe !
Je vous frapperai jusqu’au jour du Jugement dernier
Et vous aplatirai comme beaux deniers. »
« Infâme forgeron sans parole, traître ! »
« Promettez de ne plus jamais reparaître
Chez moi, et me laisser vivre en paix et longtemps,
Ou vous ne serez pas de la suite contents. »
« Promis ! ouvre cette bourse, que Dieu te damne ! »
Il le fait. Les diables braient comme des ânes
Et grognent comme des pourceaux en décampant,
De la maudite bourse enfin s’émancipant
Et ne revenant plus jamais chez le compère.
Et c’est pourquoi Misère est toujours sur la terre.

[FIN DU CONTE: LE FORGERON MISÈRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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