mardi 21 mai 2019

Le crâne de la sirène

le crâne de la sirène

Je nage souvent dans ma propre vie
Comme dans un ténébreux océan
Dont le fond est plein de débris géants,
De doux billets et de lettres suivies,

D’épaves de romans et de poèmes,
Restes se décomposant lentement
De mes fausses couches et avortements,
Créatures difformes que j’aime ;

D’épées cassées, de vieilles armures,
De boucliers où pousse le corail,
De factures et de contrats de bail
Et de statues périmées et impures.

Jusqu’au fond que le souvenir pollue            ,
En retenant mon souffle et en rêvant,
Dans ma propre vie je nage souvent.
Combien de choses écrites et lues !

Combien de choses qu’on distingue à peine !
Ma vie, c’est donc ce sale dépotoir
Où mes jouets d’enfants, que je peux voir,
Sont avec le crâne d’une sirène.

La vie est un océan où on passe,
Et nous sommes tous des nageurs amers !
Nos rêves sont morts au fond de la mer
Qui les jette partout et les casse.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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