mercredi 1 février 2017

Un ivrogne

un ivrogne

Charles de Groux, L’Ivrogne (1866)

Dans les mornes vapeurs de la bière
Un ivrogne, laborieux pérégrin, 
Vient noyer la fatigue et le chagrin
D’une journée rude et éphémère.

Chaque soir, vaincu par la lassitude,
Il vient vider son grand bock bien rempli
Et dort dans son inconfortable lit
Jusqu’à l’aurore, comme d’habitude,

Et tous les soirs, le même vertige
Le reprend dans ce minable assommoir
Où il refait son éternel devoir,
Pareil, à son réveil, à un vestige !

La sueur et les années farouches 
Ont changé en ruine son corps maigri,
Rien ne peut égayer son cœur aigri,
Pas même l’alcool que lui verse sa bouche !

La tenancière, fâchée et inquiète,
Le réveille avec son : qu’est-ce que c’est ça ?
De son lugubre sommeil de forçat,
Un sommeil sans rêves et sans tête ;

Il ira, chancelant, à son bouge,
Et reviendra demain, après-demain,
Tous les jours et par le même chemin,
Téter le sein de l’immortelle gouge.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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