dimanche 29 janvier 2017

L'ange malade

L'ange malade

Hugo Simberg, Haavoittunut enkeli (1903)

Un ange aux yeux bandés et aux pieds nus
Fardeau sans grâce et sans puissance,
Soupire malgré son innocence,
Porté par deux jeunes hommes inconnus.

Brisé par le destin impétueux,
Ses ailes sont ployées comme sa tête,
Jouet de la ténébreuse tempête
Qui emporte les marins vertueux ;

Frappé d’une éternelle cécité,
Malade et fatigué de voir le monde,
Il passe, comme un vent ou une onde
Dans l’océan de notre adversité !

Les prés sont mornes bien qu’ils soient verts,
Et les ruisseaux, infinis et rapides,
Sont ténébreux bien qu’ils soient limpides,
Et la tristesse du vieux univers

Tombe sur la rêveuse création
Telle une pesante et constante pluie,
Larme incommensurable qu’il essuie
Avec le linceul profond des nations ! 

Où vont ainsi les deux garçons pensifs
Aussi pâles que l’ange qu’ils portent ?
Ils cherchent un abîme ou une porte 
Et traversent les déserts maladifs.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: